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Marie-Claire Blais

Marie-Claire Blais naît à Québec en 1939. Elle publie à l’âge de vingt ans un premier roman, La Belle Bête, dans lequel elle analyse avec une âpre lucidité les ressorts psychologiques d’une relation violente, pleine de haine et d’envie, entre une jeune femme trop laide et son frère, simple d’esprit mais si beau que l’on ne voit que lui. Cette violence, cette sauvagerie resteront présentes dans tous les livres et le théâtre de Marie Claire Blais. Son lyrisme très personnel permet à l’auteur de traverser les apparences pour révéler les monstruosités de la vie.

Aussitôt remarquée, Marie-Claire Blais reçoit une bourse de la Fondation Guggenheim et se met à écrire Une saison dans la vie d’Emmanuel, ouvrage pour lequel elle obtiendra le prix Médicis en 1966. Dès lors, son œuvre se déploie à une vitesse surprenante et compte à ce jour plus de vingt romans, cinq pièces de théâtre et plusieurs recueils de poésie. Des séjours prolongés aux États-Unis, en France et en Chine notamment, des bourses et de nombreux prix, dont le prix France-Québec en 1976, ont aidé Marie-Claire Blais à s’adonner entièrement à une œuvre authentique et exigeante. Citons pêle-mêle, Tête blanche (1980), L’Insoumise (1966), David Sterne (1967), Manuscrits de Pauline Archange (1968), Une liaison parisienne (1975), Visions d’Anna (1982), Pierre (1986), Un jardin dans la tempête (1990), Dans la foudre et la lumière (2001), Naissance de Rebecca à l'ère des tourments (2008) et Mai au bal des prédateurs (2010).

Enfances solitaires, innocences bafouées, révoltes, inusable tendresse sont autant de thèmes qui jalonnent l’œuvre d’un auteur qui n’imagine pas de réalisme sans transfiguration poétique. Québécoise dans l’âme, Marie-Claire Blais est une militante convaincue pour la francophonie. Ses ouvrages ont été traduits en de multiples langues et publiés au Canada anglais, aux États Unis, en Angleterre, en Espagne, en Allemagne, en Italie, au Danemark, en Hongrie, au Japon, en Norvège et en République tchèque.

Deux fois boursière de la Fondation Guggenheim (1963 et 1965), Marie-Claire Blais a reçu, pour l’ensemble de son œuvre, les Prix France-Québec (1966), Prix Canada-Belgique (1976), Prix Athanase-David (1982), Prix Duvernay (1988), Prix Nessim Habif de l’Académie royale de la langue et de la littérature françaises de Belgique (1990), Prix international de l’Union latine des littératures romanes (1999), Grand Prix littéraire international Métropolis Bleu (2000), Prix W.O. Mitchell (2000), Prix littéraire de la Fondation Prince Pierre de Monaco (2002), Prix Gilles-Corbeil décerné par la Fondation Émile Nelligan (2005) et le Prix Matt Cohen du Writer’s Trust of Canada (2007).

En marge des prix littéraires reçus, elle a été élue en 1986 à la Société royale du Canada (Académie des lettres et des sciences humaines) et, en 1992, à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique devenant la première écrivaine québécoise à siéger dans une académie littéraire européenne. Elle a rejoint l'Académie des lettres du Québec en 1994 et, en 1999, elle a reçu les insignes de Chevalier des arts et des lettres (France).

Parallèlement à ces honneurs, elle a aussi reçu l’Ordre du Canada (1975), la Médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération du Canada (1992), l’Ordre national du Québec (1995), a été nommée Woman of the year for services to literature and creative writing (1995-1996) par The International Biographical Centre of Cambridge, England, et reçu le Degree of International Letters for Cultural Achievement fiction, creative writing (1997) par The American Biographical Institute.


“to glide gently into facile hands that would deform him.”
Marie-Claire Blais
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“I drink to the health of the child prodigy who finally met the gentleman with the golden ass. Vive little Sébastien, he’ll grow up. And the Schubert song that you said you only played for me, you little viper, you played it for him, your fingers melting on the notes like butter. You’re selling yourself. You’re giving yourself to a fur-trader, a man who’s going to kill seals on their sacred ground, who’s going to set traps for wolves in the wildest, most beautiful depths of the forests, who burns their territory — a merchant whom Jesus himself chased out of the temple! You’re the one who is riff-raff, not the man who kisses me on the mouth at the public pool! That’s what happens when you think you’re delicate, different from the others: you get yourself recognized by a pig. You’ve been recognized, now go lick his feet and anything else you want.”
Marie-Claire Blais
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“so many white roses whose names won’t survive either, resistance groups and newspapers now as forgotten as soldiers waiting for the enemy veiled in snow, unknowingly digging their own graves in the forests, an entire infantry on alert among the pines and spruce, France, Belgium, elsewhere young German soldiers seeming to sleep, half-opened lips on the snow which likewise moulds itself to their boots and helmets, every one of them forever forgotten, dying for what or whom in these ice fields, oblivion or Hitler, even those still breathing on stretchers, statues of ice, petrified flesh outfitted in frost, this is the story of winter glory, cold and misery, men and horses finished off in the frigid fog, the young in uniform, hands raised and crying, I give up, enough, enough”
Marie-Claire Blais
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“Hong Kong, please watch over him, he saw that young man Lazaro in a dream and is convinced he’s a terrorist, always has been, and I should never have let him into the house that day with the tray of seafood I’d ordered; this anxiety gives him abominable, uncontrollable thoughts, but the analyst told me to look at it differently, he said I know the road he’s on, and even if it leads down into the abyss, yawning glaciers, he sees things we don’t, fresh tracks under a starlit night, for him brightly lit, so much so that even in the farthest depths he knows he can’t get lost, and you’ll see he’ll find his way back to us”
Marie-Claire Blais
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“any moment now that sun would burst into a ball of flame, a furnace to stifle the heart of Petites Cendres, his soul felt blood-raw, liquefied deep down inside him, in a pale, cold sea where the need that gnawed at him would break your heart, a fire burnt out, his heart, that dog should not have been there on Esmeralda or Bahama Street, hunger tottering on all fours, night-prowling around the Porte du Baiser Saloon where he just would not stop living despite all odds”
Marie-Claire Blais
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“When there is no bread and even when there is we should eat our fill of one another.”
Marie-Claire Blais
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