“La gare avait dû accueillir bien des baisers semblables, éperdus et passionnés ; des baisers d'autres sortes aussi. Baisers de commande d'époux mariés depuis vingt ans, baisers furtifs des liaisons clandestines et puis les plus nombreux, dont les fantômes flottaient tout autour de nous : les baisers manqués. Qui n'a pas été paralysé par l'hésitation, la peur du ridicule ou du rejet, la peur de savoir, la peur tout court, laissant filer l'instant et avec lui celui ou celle qu'il aimait sans avoir osé l'avouer, si bien que vingt ans après, l'on ressasse encore les gestes qui n'ont pas été faits, les mots qui n'ont pas été dits ?”