“Elle avait tout aimé de Marseille, la bruyante rue Longue-des-Capucins aux victuailles étalées et criées, la halle aux poissons et ses gaillardes fortes en gueule, la rue de Rome, la rue Saint-Férréol, la Canebière, le Vieux-Port, les étroites rues patibulaires et cordiales où circulaient dangereusement, déhanchés, des messieurs félins et grêlés de variole.”
“C'est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans leur chambre. Et les journaux ne s'occupent que de la rue.”
“Après le choc des mauvaises nouvelles, on est tenté de revenir à la flaque des habitudes. Il existe forcément un petit coin du monde où l'on s'est vaguement installé, où l'on a pris des responsabilités dérisoires. Nom de pays ou de quartier. Nom de rue. Nom de ville ou de village. Métier, fonctions et fonctionnements. Odeurs familières, clapotis des paroles maintes fois répétées, tiédeur exacte des corps, gestes connus par cœur jusqu'à l'écœurement. Le bonheur et l'angoisse assis dans le même fauteuil. La vie dans les délaissés. La vie sur sa seule pente et épousant ses plis.”
“Quand j'ouvre une porte - celle de la rue, du jardin, de l'armoire ou du cellier - considère que je la lui ouvre et se précipite.”
“Il y a, à Venise, trois lieux magiques et secrets : l'un dans la "rue de l'amour des amis", le deuxième près du "pont des merveilles" et le troisième dans le "sentier des marranes", près de San Geremia, dans le vieux ghetto. Quand les Vénitiens - parfois ce sont les Maltais - sont fatigués des autorités, ils vont dans ces lieux secrets et, ouvrant les portes au fond de ces cours, ils s'en vont pour toujours vers des pays merveilleux et vers d'autres histoires...”
“Malgré les fanatiques, il serait extrêmement dangereux d'importer en France la thèse d'un «choc de civilisations» entre le monde musulman et nous. Ne faisons pas de l'Islam le miroir où toutes nos difformités s'effacent. Ne renouvelons pas l'erreur de nous forger un ennemi pour éviter de nous interroger sur nous-mêmes.Or, quel modèle proposons-nous ? Un monde dominé par l'argent et le sexe. Des sociétés dépolitisées, sans défense contre la montée des communautarismes. Des sociétés délaïcisées, où sévit l'alliance explosive de la religion et de la techno-science. Il nous faut retrouver une parole libre. Désigner haut et fort la menace que font peser les communautés, les identités collectives, les religions — toutes les religions —, sur la paix civile et la liberté individuelle. Refuser le scandale d'une pensée asservie à des dogmes. Osons être en toutes choses des athées résolus, méthodiques et gais.”