“D’ailleurs la mort est toujours là ; n’est-elle pas partout sous les pieds de l’homme, qui la rencontre à chaque pas dans cette vie ? L’eau, le feu, la terre, tout la lui offre sans cesse ; il la voit partout dès qu’il la cherche, il la porte à son côté.”
“LE PRINCEEst-ce de l’époux ou de l’amant que vous avez peur ?LAURETTEC’est de la nuit.LE PRINCEElle est perfide aussi, mais elle est discrète. Qu’oserez-vous lui confier ?... La réponse au billet ?LAURETTEQu’en dirait-elle ?LE PRINCEElle n’en laissera rien voir à l’époux.Elle lui donne le billet ; il le déchire.Ne la craignez pas, Laurette. Le secret d’une jeune fiancée est fait pour la nuit ; elle seule renferme les deux grands secrets du bonheur : le plaisir et l’oubli.LAURETTEMais le chagrin ?LE PRINCEC’est une réflexion ; et il est si facile de la perdre !LAURETTEEst-ce aussi un secret ?”
“Comment l’homme est-il assez insensé pour quitter cette vie tant qu’il n’a pas épuisé toutes ses chances de bonheur ? Celui qui perd sa fortune au jeu quitte-t-il le tapis tant qu’il lui reste une pièce d’or ? Une seule pièce peut lui rendre tout.”
“Pour écrire l’histoire de sa vie, il faut d’abord avoir vécu ; aussi n’est-ce pas la mienne que j’écris.”
“Je me suis figuré qu’une femme devait faire plus de cas de son âme que de son corps, contre l’usage général qui veut qu’elle permette qu’on l’aime avant d’avouer qu’elle aime, et qu’elle abandonne ainsi le trésor de son coeur avant de consentir à la plus légère prise sur celui de sa beauté. J’ai voulu, oui, voulu absolument tenter de renverser cette marche uniforme ; la nouveauté est ma rage. Ma fantaisie et ma paresse, les seuls dieux dont j’aie jamais encensé les autels, m’ont vainement laissé parcourir le monde, poursuivi par ce bizarre dessein ; rien ne s’offrait à moi. Peut-être je m’explique mal. J’ai eu la singulière idée d’être l’époux d’une femme avant d’être son amant. J’ai voulu voir si réellement il existait une âme assez orgueilleuse pour demeurer fermée lorsque les bras sont ouverts, et livrer la bouche à des baisers muets ; vous concevez que je ne craignais que de trouver cette force à la froideur. Dans toutes les contrées qu’aime le soleil, j’ai cherché les traits les plus capables de révéler qu’une âme ardente y était enfermée : j’ai cherché la beauté dans tout son éclat, cet amour qu’un regard fait naître ; j’ai désiré un visage assez beau pour me faire oublier qu’il était moins beau que l’être invisible qui l’anime ; insensible à tout, j’ai résisté à tout,... excepté à une femme, – à vous, Laurette, qui m’apprenez que je me suis un peu mépris dans mes idées orgueilleuses ; à vous, devant qui je ne voulais soulever le masque qui couvre ici-bas les hommes qu’après être devenu votre époux. – Vous me l’avez arraché, je vous supplie de me pardonner, si j’ai pu vous offenser.( Le prince )”
“Quoique bien jeune, j’ai trop connu ce qu’on est convenu d’appeler la vie pour n’avoir pas trouvé au fond de cette mer le mépris de ce qu’on aperçoit à sa surface. ( RAZETTA )”
“Elle aurait aimé, si l’orgueilPareil à la lampe inutileQu’on allume près d’un cercueil,N’eût veillé sur son coeur stérile.Elle est morte, et n’a point vécu.Elle faisait semblant de vivre.De ses mains est tombé le livre,Dans lequel elle n’a rien lu.”