“Je me suis figuré qu’une femme devait faire plus de cas de son âme que de son corps, contre l’usage général qui veut qu’elle permette qu’on l’aime avant d’avouer qu’elle aime, et qu’elle abandonne ainsi le trésor de son coeur avant de consentir à la plus légère prise sur celui de sa beauté. J’ai voulu, oui, voulu absolument tenter de renverser cette marche uniforme ; la nouveauté est ma rage. Ma fantaisie et ma paresse, les seuls dieux dont j’aie jamais encensé les autels, m’ont vainement laissé parcourir le monde, poursuivi par ce bizarre dessein ; rien ne s’offrait à moi. Peut-être je m’explique mal. J’ai eu la singulière idée d’être l’époux d’une femme avant d’être son amant. J’ai voulu voir si réellement il existait une âme assez orgueilleuse pour demeurer fermée lorsque les bras sont ouverts, et livrer la bouche à des baisers muets ; vous concevez que je ne craignais que de trouver cette force à la froideur. Dans toutes les contrées qu’aime le soleil, j’ai cherché les traits les plus capables de révéler qu’une âme ardente y était enfermée : j’ai cherché la beauté dans tout son éclat, cet amour qu’un regard fait naître ; j’ai désiré un visage assez beau pour me faire oublier qu’il était moins beau que l’être invisible qui l’anime ; insensible à tout, j’ai résisté à tout,... excepté à une femme, – à vous, Laurette, qui m’apprenez que je me suis un peu mépris dans mes idées orgueilleuses ; à vous, devant qui je ne voulais soulever le masque qui couvre ici-bas les hommes qu’après être devenu votre époux. – Vous me l’avez arraché, je vous supplie de me pardonner, si j’ai pu vous offenser.( Le prince )”

Alfred De Musset

Alfred de Musset - “Je me suis figuré qu’une femme...” 1

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“Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorguiellir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Âmes de ceux que j’ai aimés, âmes de ceux que j’ai chantés, fortifiez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptices du monde; et vous, Seigneur mon Dieu! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise.”

Rainer Maria Rilke
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“Les deux femmes, vêtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sœur, elles jetèrent dessus des fleurs et de l’eau bénite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeâtre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumèrent deux petites bougies qui étaient sur la table de nuit, s’agenouillèrent et me dirent de prier comme elles.Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien… Lélia ne remuait pas !Je fus longtemps ainsi agenouillé, la tête sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me déchirant l’âme avec des prières et des vœux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indécises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, à une place, une forme ronde qui devait être La tête, et plus bas une autre qui semblait être les pieds. Je croyais, moi, pauvre naïf enfant, je croyais que la prière pouvait rendre la vie à un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur !Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passée à prier sur un cadavre, à pleurer, à vouloir faire renaître le néant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, à la lueur de deux cierges mortuaires, entouré de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vénales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scène de désespoir et de deuil vous remplit le cœur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de désespoir !Le jour arriva.Mais quand le jour commença à paraître, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient à mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissèrent seul. Je courus après elles, et me traînant à leurs pieds, m’attachant à leurs vêtements :— Ma sœur ! leur dis-je, eh bien, ma sœur ! oui, Lélia ! où est-elle ?Elles me regardèrent étonnées.— Ma sœur ! vous m’avez dit de prier, j’ai prié pour qu’elle revienne, vous m’avez trompé !— Mais c’était pour son âme !Son âme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlé de Dieu, jamais de l’âme.Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eût demandé ce qu’il était, eh bien, j’aurais pris La linotte de Lélia, et, lui brisant la tête entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’âme ? l’âme ? qu’est-ce cela ?J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allèrent sans me répondre.Son âme ! eh bien, elles m’ont trompé, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était Lélia, Lélia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sœur aux grands yeux bleus, Lélia qui m’embrassait le soir après sa poupée, après son mouton chéri, après sa linotte. Pauvre sœur ! c’était toi que je demandais à grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me répondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as prié non pour elle, mais tu as prié pour son âme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue étrangère ; tu as prié pour un souffle, pour un mot, pour le néant, pour son âme enfin ! »Son âme, son âme, je la méprise, son âme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait à moi, son âme ? savez-vous ce que c’est que son âme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela.Ces femmes m’ont trompé, eh bien, je les ai maudites.Cette malédiction est retombée sur moi, philosophe imbécile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire à une âme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au Prométhée d’Eschyle, je brave les coups et que je méprise trop pour blasphémer.”

Gustave Flaubert
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“Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai compris qu'en toutes circonstances,J’étais à la bonne place, au bon moment.Et alors, j'ai pu me relaxer.Aujourd'hui je sais que cela s'appelle...l'Estime de soi.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelleN’étaient rien d'autre qu'un signalLorsque je vais à l'encontre de mes convictions.Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J'ai cessé de vouloir une vie différenteEt j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arriveContribue à ma croissance personnelle.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai commencé à percevoir l'abusDans le fait de forcer une situation ou une personne,Dans le seul but d'obtenir ce que je veux,Sachant très bien que ni la personne ni moi-mêmeNe sommes prêts et que ce n'est pas le moment...Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai commencé à me libérer de tout ce qui n'était pas salutaire, personnes,situations, tout ce qui baissait mon énergie.Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé d'avoir peur du temps libreEt j'ai arrêté de faire de grands plans,J’ai abandonné les méga-projets du futur.Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aimeQuand cela me plait et à mon rythme.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé de chercher à avoir toujours raison,Et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.Aujourd'hui, j'ai découvert ... l'Humilité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé de revivre le passéEt de me préoccuper de l'avenir.Aujourd'hui, je vis au présent,Là où toute la vie se passe.Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.Et cela s'appelle... la Plénitude.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.Mais si je la mets au service de mon coeur,Elle devient une alliée très précieuse !Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.Du chaos naissent les étoiles.”

Charlie Chaplin
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“Mais à cette heure, où suis-je ? Et comment séparer ce café désert de cette chambre du passé. Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Les lumières des phares sont là. Et l’Arabe qui se dresse devant moi me dit qu’il va fermer. Il faut sortir. Je ne veux plus descendre cette pente si dangereuse. Il est vrai que je regarde une dernière fois la baie et ses lumières, que ce qui monte alors vers moi n’est pas l’espoir de jours meilleurs, mais une indifférence sereine et primitive à tout et à moi-même. Mais il faut briser cette courbe trop molle et trop facile. Et j’ai besoin de ma lucidité. Oui, tout est simple. Ce sont les hommes qui compliquent les choses. Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Qu’on ne nous dise pas du condamné à mort : « Il va payer sa dette à la société », mais : « On va lui couper le cou. » Ça n’a l’air de rien. Mais ça fait une petite différence. Et puis, il y a des gens qui préfèrent regarder leur destin dans les yeux.”

Albert Camus
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“J’ai toujours pensé que l’homme naît avec des goûts absolus et avec tous les germes de son caractère futur ; son but est précisément de réaliser son caractère. Tout le mal vient de ce que les circonstances mettent parfois des obstacles à cette réalisation. Je passais en revue toutes mes mauvaises actions, tous les actes qui autrefois troublaient ma conscience, et je pus constater que tous provenaient du désaccord entre mon caractère et la vie que j’ai menée.”

Alexeï Apoukhtine
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