“Les mois passèrent. Chaque jour, le temps perdait de sa consistance. J'étais incapable de déterminer s'il s'écoulait vite ou lentement.”
“Il se servait de son esprit comme d'un coin pour élargir de son mieux les interstices du mur qui de toute part nous confine. Les failles grandissaient, ou plutôt le mur, semblait-il, perdait de lui-même sa solidité sans pour autant cesser d'être opaque, comme s'il s'agissait d'une muraille de fumée au lieu d'une muraille de pierre.(L'abîme)”
“Déjà, le mois de septembre, lendemain d'août et veille d'octobre et qui est par sa situation le plus émouvant des mois parsème les beaux jours de quelques fins avertissements. Déjà, on comprend ces feuilles mortes qui courent sur les pierres plates comme une bande de moineaux.”
“À Tokyo, où je n'ai jamais mis les pieds, on conserve paraît-il le temps dans de jolies petites boîtes laquées. Si tu veux trois jours, on peut te les vendre. Contre de l'argent ? Non, on n'achète du temps qu'avec du temps. On peut te vendre trois jours gris contre deux jours ensoleillés et une nuit triste. Ou simplement une heure contre un baiser frais. Je voudrais acheter du temps japonais avec des mimosas ruisselants de pluie.”
“La mémoire garde trace de chaque étape d'un voyage au long cours. Comme si le mouvement avait le rôle d'un fixateur de souvenirs ou que le temps, lorsqu'il était mesuré par le défilement de l'espace, ne se dissolvait plus dans l'oubli. La route intensifie les événements de la vie.”
“et je craignais chaque jour davantage pour Alexandra Mikhaïlovna. Sa vie triste, monotone, s’éteignait sous mes yeux. Sa santé empirait de jour en jour. Une sorte de désespoir semblait s’être emparé de son âme. Elle était visiblement sous l’impression de quelque chose d’inconnu, d’indéfini, dont elle-même ne pouvait se rendre compte, quelque chose de terrible et en même temps d’incompréhensible, mais qu’elle acceptait comme la croix de sa vie condamnée.”