“A partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi.”
“La phrase : "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger" me semble être, sinon le dernier mot de la sagesse, en tout cas l'un des plus profonds, et ce que j'aime chez Etienne, c'est qu'il le prend à la lettre, c'est même ce qui selon moi lui donne le droit d'être juge. De ce qui le fait humain, pauvre, faillible, magnifique, il ne veut rien retrancher, et c'est aussi pourquoi dans le récit de sa vie je ne veux, moi, rien couper.”
“Bien que Terron fût un homme qu'apparemment je ne pouvais appeler autrement qu'un fanatique religieux ; bien qu'il menât sa vie d'une manière qui m'était encore plus étrangère que celle de M. Mann ; et bien que souvent je fusse arrivé à conclure, presque contre ma volonté, qu'il n'était qu'un arnaqueur rusé de campagne en train d'exploiter mon curieux mélange de culpabilité (le raciste américain en moi) et d'amour pour l'ésotérique (l'intellectuel branché en moi), il semblait malgré tout capable de me prévoir, de connaître bien plus précisément que le vieil homme mes besoins, mes questions et mes inquiétudes. De fait, c'était cette capacité d'anticiper sur moi et le bien-être qu'elle me procurait qui me ramenaient sans cesse à croire qu'il était en train de me rouler. En tant que vieux puritain, je me devais de me méfier de tout ce qui m'apportait du bien-être. (p. 201)”
“Tout ce que je sais, c'est qu'il n'existe pas de héros dans ce monde. Pas vraiment. Rien que des hommes et des femmes devenus vieux et fatigués qui n'ont plus la force de lutter pour ce qu'ils aiment.”
“Une autre année à regarder un afficheur qui n'affiche rien, parce que les hommes de 1997,comme les hommes de 1996, n'appellent pas pour dire qu'ils ne rappelleront plus, qu'ils n'ont plus rien à nous dire, qu'ils ne veulent surtout pas savoir qui ont est après.”
“Je ne me suicide pas parce que j'ai envie de partir. Quand on a envie de quelque chose on est sauf. Je ne pars pas parce qu'une fois partie je n'aurais plus envie de rien et qu'il faudrait que je m'extermine. Ma logique m'effraie.”