“Mais vrai, j'ai trop pleuré. Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer: L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. O que ma quille éclate! O que j'aille à la mer!”
“Lorsque l'esprit des hommes te paraîtra étroit, dis-toi que la terre de Dieu est vaste, et vastes Ses mains et Son coeur. N'hésite jamais à t'éloigner, au delà de toutes les mers, au-delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances”
“J'exige un vrai bonheur, un vrai amour, une vraie contrée où le soleil alterne avec la lune, où les saisons se déroulent en ordre, où de vrais arbres portent de vrais fruits, où de vrais poissons habitent les rivières, et de vrais oiseaux le ciel, où la vrai neige découvre de vraies fleurs, où tout sort est vrai, vrai, véritable. J’en ai assez de cette lumière morne, de ces campagnes stériles, sans jour, sans nuit, où ne survivent que les bêtes féroces et rapaces, où les lois de la nature ne fonctionnent pas.”
“J'ai perdu ma force et ma vie,Et mes amis et ma gaieté;J'ai perdu jusqu'à la fiertéQui faisait croire à mon génie.Quand j'ai connu la Vérité,J'ai cru que c'était une amie ;Quand je l'ai comprise et sentie,J'en étais déjà dégoûté.Et pourtant elle est éternelle,Et ceux qui se sont passés d'elleIci-bas ont tout ignoré.Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.Le seul bien qui me reste au mondeEst d'avoir quelquefois pleuré.”
“Mais les larmes sont celles d'une joie désespérée. Tout a été largué, mais ce tout n'a été que ça : le corps que j'ai livré n'était qu'un souffle d'air et celui que j'ai embrassé se trouve déjà à des années-lumière. Comment, dans un tel dénuement, ne pas exprimer sa détresse ?”
“Mais à cette heure, où suis-je ? Et comment séparer ce café désert de cette chambre du passé. Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Les lumières des phares sont là. Et l’Arabe qui se dresse devant moi me dit qu’il va fermer. Il faut sortir. Je ne veux plus descendre cette pente si dangereuse. Il est vrai que je regarde une dernière fois la baie et ses lumières, que ce qui monte alors vers moi n’est pas l’espoir de jours meilleurs, mais une indifférence sereine et primitive à tout et à moi-même. Mais il faut briser cette courbe trop molle et trop facile. Et j’ai besoin de ma lucidité. Oui, tout est simple. Ce sont les hommes qui compliquent les choses. Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Qu’on ne nous dise pas du condamné à mort : « Il va payer sa dette à la société », mais : « On va lui couper le cou. » Ça n’a l’air de rien. Mais ça fait une petite différence. Et puis, il y a des gens qui préfèrent regarder leur destin dans les yeux.”