“Mais tu crois que c'est quoi, une famille ! Sinon des gens dont on ne se remet pas ?”
“Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tête des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'être un menteur ; ces mensonges-là, si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-là, je ne dissimule rien, avec ces mensonges-là je dis en fait la vérité. Mais il y a des choses à propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais à fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-là. Mentir là-dessus, ce serait m'abaisser moi-même, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.”
“-Tu crois que c'est comme tes mines de crayon ? Tu crois que ça s'use quand on s'en sert ?- De quoi ?-Les sentiments.”
“Par exemple, tu vois, là, tu crois que tu es en train de me parler, mais peut-être pas. Peut-être que tu imagines que tu me parles, et moi en vrai je ne t'écoute pas. Alors qu'on pourrait se parler directement de soi à soi. Tu vois, il vaut mieux rencontrer l'altérité, quitte à être malheureux, que rester dans sa petite sûreté personnelle. L'essentiel c'est d'avoir des failles. Pas sa petite conscience tranquille. (p154)”
“Mais quelle famille solitaire avais-je donc ! J'étais même ébahi que deux de ses membres avaient pu s'assembler pour engendrer les deux suivants. Seulement, des solitaires qui feignent de ne pas l'être... voilà sans doute comment les familles se construisent, et comment la race des gens seuls est devenue si nombreuse.”
“Que toute émotion sache te devenir une ivresse. Si ce que tu manges ne te grise pas, c'est que tu n'avais pas assez faim.”