“Il était tard; ainsi qu'une médaille neuveLa pleine lune s'étalait,Et la solennité de la nuit, comme un fleuveSur Paris dormant ruisselait.”
“L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu.”
“Le Poëte est semblable au prince des nuéesQui hante la tempête et se rit de l'archer;Exilé sur le sol au milieu des huées,Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.”
“La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas."("The devil's finest trick is to persuade you that he does not exist.")”
“À une passanteLa rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.Un éclair . . . puis la nuit! — Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!”
“Le serpent qui danseQue j'aime voir, chère indolente,De ton corps si beau,Comme une étoffe vacillante,Miroiter la peau!Sur ta chevelure profondeAux acres parfums,Mer odorante et vagabondeAux flots bleus et bruns,Comme un navire qui s'éveilleAu vent du matin,Mon âme rêveuse appareillePour un ciel lointain.Tes yeux où rien ne se révèleDe doux ni d'amer,Sont deux bijoux froids où se mêlentL’or avec le fer.A te voir marcher en cadence,Belle d'abandon,On dirait un serpent qui danseAu bout d'un bâton.Sous le fardeau de ta paresseTa tête d'enfantSe balance avec la mollesseD’un jeune éléphant,Et ton corps se penche et s'allongeComme un fin vaisseauQui roule bord sur bord et plongeSes vergues dans l'eau.Comme un flot grossi par la fonteDes glaciers grondants,Quand l'eau de ta bouche remonteAu bord de tes dents,Je crois boire un vin de bohême,Amer et vainqueur,Un ciel liquide qui parsèmeD’étoiles mon coeur!”