“Le ChatViens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps électrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bête, Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusques à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum, Nagent autour de son corps brun.”
“O mon pays/ je t'aime comme un être de chair/ et je sais ta souffrance et je vois ta misère/ et me demande la rage au coeur/ quelle main a tracé sur le registre des nations/ une petite étoile à coté de ton nom”
“Le serpent qui danseQue j'aime voir, chère indolente,De ton corps si beau,Comme une étoffe vacillante,Miroiter la peau!Sur ta chevelure profondeAux acres parfums,Mer odorante et vagabondeAux flots bleus et bruns,Comme un navire qui s'éveilleAu vent du matin,Mon âme rêveuse appareillePour un ciel lointain.Tes yeux où rien ne se révèleDe doux ni d'amer,Sont deux bijoux froids où se mêlentL’or avec le fer.A te voir marcher en cadence,Belle d'abandon,On dirait un serpent qui danseAu bout d'un bâton.Sous le fardeau de ta paresseTa tête d'enfantSe balance avec la mollesseD’un jeune éléphant,Et ton corps se penche et s'allongeComme un fin vaisseauQui roule bord sur bord et plongeSes vergues dans l'eau.Comme un flot grossi par la fonteDes glaciers grondants,Quand l'eau de ta bouche remonteAu bord de tes dents,Je crois boire un vin de bohême,Amer et vainqueur,Un ciel liquide qui parsèmeD’étoiles mon coeur!”
“Et ça jaillit comme dans un cauchemar, je dégueule des litres de vodka, des litres de champagne, mes illusions perdues, les fantômes qui me hantent, et ça gicle sur le bitume noir avec un bruit d'explosion liquide et sale qui se répercute dans ma tête comme la sentence fatale de mon indignité.”
“—Je porte dans mon coeur des villes innombrables et des déserts illimités. Et le mal, le mal et la mort, étendus sur cette immensité, la couvrent comme la nuit couvre la terre. Je suis à moi seul un univers de pensées mauvaises.Il parlait ainsi parce que le désir de la femme était en lui.”
“Quand je serai la longue chrysalide, pareille à ce mort inconnu fleuri de corolles jaunes et porté comme un arbre vers les bûchers, quand mon front sera de cire, ma chevelure sèche et noyée, mon corps une corne creuse où mugiront les tritons de la mort, quand mes doigts seront gantés de cuir mou, lorsque mes yeux seront de chaux, astéries torturées.”