“Les amants, en effet, regrettent le bien qu’ilsont fait, une fois que leur désir est éteint. Ceux qui n’ont pas d’amour, au contraire, n’ontjamais occasion seyante au repentir, car ce n’est point par contrainte, mais librement, commes’ils s’occupaient excellemment des biens de leurs demeures, qu’ils font, dans la mesure deleurs moyens, du bien à leurs amis. Les amants considèrent en outre, et les dommages queleur amour fit à leurs intérêts et les largesses qu’ils ont dû consentir ; puis, en y ajoutant lapeine qu’ils ont eue, ils pensent depuis longtemps avoir déjà payé à leurs aimés le juste prixdes faveurs obtenues. Par contre, ceux qui ne sont pas épris ne peuvent, ni prétexter lesaffaires négligées par amour, ni mettre en ligne de compte les souffrances passées, ni alléguerles différends familiaux qu’ils ont eus. Exempts de tous ces maux, il ne leur reste plus qu’às’empresser de mettre en acte tout ce qu’ils croient devoir leur donner du plaisir.”