“Parce que le mot à leurs yeux ne devient vraiment gros que lorsqu'on l'écrit, on s'en "branle" à l'oral, on s'en "bat les couilles à longueur de journée, on "nique ta mère" à tire larigot. Mais trouver le mot "couille" ou le verbe "branler" et "niquer" noir sur blanc, dans un livre, quand leur place est sur les murs des toilettes, alors ça...”

Daniel Pennac

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“Il y a ceux qui n'ont jamais lu et qui s'en font une honte, ceux qui n'ont plus le temps de lire et qui en cultivent le regret, il y a ceux qui ne lisent pas de romans, mais des livres *utiles*, mais des essais, mais des ouvrages techniques, mais des biographies, mais des livres d'histoire, il y a ceux qui lisent tout et n'importe quoi, ceux qui "dévorent" et dont les yeux brillent, il y a ceux qui ne lisent que les classiques, monsieur, "car il n'est meilleur critique que le tamis du temps", ceux qui passent leur maturité à "relire", et ceux qui ont lu le dernier untel et le dernier tel autre, car il faut bien, monsieur, se tenir au courant...Mais tous, tous, au nom de la nécessité de lire.Le dogme. (p. 78-79)”


“Parmi ceux « qui ne lisent pas », les mieux avisés sauront apprendre, comme nous, à parler autour : ils excelleront dans l’art inflationniste du commentaire (je lis dix lignes, je ponds dix pages), la pratique jivaro de la fiche (je parcours 400 pages, je les réduis à cinq), la pêche à la citation judicieuse (dans ces précis de culture congelée disponibles chez tous les marchands de réussite), ils sauront manier le scalpel de l’analyse linéaire et deviendront experts dans le savant cabotage entre les « morceaux choisis », qui mène sûrement au baccalauréat, à la licence, voire à la l’agrégation… mais pas nécessairement à l’amour du livre.”


“On se prépare à la jouissance du siècle, et, le moment venu, elle a un goût de Fernet Branca. Sur ce point comme sur quelques autres, Julia a raison : ne jamais investir dans la promesse du plaisir. Tout de suite ou pas du tout.”


“Que des livres puissent à ce point bouleverser notre conscience et laisser le monde aller au pire, voilà de quoi rester muet.”


“Alors le nomade dans tout ça ? Il est déjà loin. Il a contourné l'horizon. Difficile de la coincer vivant et de livrer sa moelle sous la forme d'une brique de pages imprimées. Difficile de le mettre en mots. Même avec des mots ronds, des mots chauds, des mots caresses, des mots mappe-mondes. Ne reste plus qu'à se faire libre-rêveur à défaut de le suivre à la trace sur les routes, les chemins buissonniers, les lacets qui montent et descendent à bout de souffle.”


“Ah! je voulais te dire aussi, n'aie pas peur de leur sabir. Le sabir du pauvre d'aujourd'hui, c'est l'argot du pauvre d'hier, ni plus ni moins. Depuis toujours le pauvre parle argot. Sais-tu pourquoi? Pour faire croire au riche qu'il a quelque chose à lui cacher. Il n'a rien à cacher, bien sûr, il est beaucoup trop pauvre, rien que des petits trafics par-ci par-là, des broutilles, mais il tient à faire croire que c'est un monde entier qu'il cache, un univers qui nous serait interdit, et si vaste qu'il aurait besoin de toute une langue pour l'exprimer. Mais il n'y a pas de monde, bien sûr, et pas de langue. Rien qu'un petit lexique de connivence, histoire de se tenir chaud, de camoufler le désespoir.”