“Ce témoignage relate les pérégrinations d’un jeune Afghan à travers beaucoup de pays et plusieurs continents. A une époque où prendre l’avion était en soi une charmante aventure. Et où le commun des mortels en Occident avait quelque peine à localiser l’obsolète royaume afghan sur une mappemonde. Il couvre une période allant de 1930 à 1965 environ, révélant au passage la face cachée des monarchies théocratiques et leur cohorte d’arbitraires et d’injustices.”
“il étouffe - le monde se couche sur lui - et l’étouffe - il est prisonnier - coincé par ses promesses …on lui demande des comptes …En face de lui …une machine à compter - une machine à écrire des lettres d’amour - une machine à souffrir - le saisit …s’accroche à lui …Pierre dis-moi la vérité”
“Mais, comme il éprouvait une peine infinie à découvrir des idées, il prit la spécialité des déclamations sur la décadence des moeurs sur l'abaissement des caractères, l'affaissement du patriotisme et l'anémie de l'honneur français. (Il avait trouvé le mot "anémie" dont il était fier.)”
“Toute grande oeuvre est soit une Iliade soit une Odysée, les odysées étant beaucoup plus nombreuse que les iliades: le Satiricon, La Divine Comédie, Pantagruel, Don Quichotte, et naturellement Ulysse (où l'on reconnaît d'ailleurs l'influence directe de Bouvard et Pécuchet) sont des odysées, c'est-à-dire des récits de temps pleins. Les iliades sont au contraire des recherches du temps perdu: devant Troie, sur une île déserte ou chez les Guermantes.”
“J'éprouvais le besoin de commencer à vivre. Commencer à vivre ma vraie vie ? Même si ce devait être une simple mascarade et pas du tout ma vraie vie, le temps était venu où il me fallait prendre le départ et s'avancer en traînant lourdement mes pas.”
“La tournée terminée, Tom et Roger pensèrent qu'après le succès de I Shot The Sheriff, ce serait bien de descendre dans les Caraïbes pour continuer sur le thème du reggae. Ils organisèrent un voyage en Jamaïque, où ils jugeaient qu'on pourrait fouiner un peu et puiser dans l'influence roots avant d'enregistrer. Tom croyait fermement au bienfait d'exploiter cette source, et je n'avais rien contre puisque ça voulait dire que Pattie et moi aurions une sorte de lune de miel. Kingston était une ville où il était fantastique de travailler. On entendant de la musique partout où on allait. Tout le monde chantait tout le temps, même les femmes de ménage à l'hotel. Ce rythme me rentrait vraiment dans le sang, mais enregistrer avec les Jamaïcains était une autre paire de manches.Je ne pouvais vraiment pas tenir le rythme de leur consommation de ganja, qui était énorme. Si j'avais essayé de fumer autant ou aussi souvent, je serais tombé dans les pommes ou j'aurais eu des hallucinations. On travaillait aux Dynamic Sound Studios à Kingston. Des gens y entraient et sortaient sans arrêt, tirant sur d'énormes joints en forme de trompette, au point qu'il y avait tant de fumée dans la salle que je ne voyais pas qui était là ou pas. On composait deux chansons avec Peter Tosh qui, affalé sur une chaise, avait l'air inconscient la plupart du temps. Puis, soudain, il se levait et interprétait brillamment son rythme reggae à la pédale wah-wah, le temps d'une piste, puis retombait dans sa transe à la seconde où on s'arrêtait.”