“Le parti national-socialiste avait fait un fameux cadeau à ces SS-là : ils pouvaient marcher au combat sans aucun risque physique, décrocher les honneurs sans avoir à entendre siffler les balles. L'impunité psychologique était plus difficile à atteindre. Tous les officiers SS avaient des camarades qui s'étaient suicidés. Le haut commandment avait pondu des circulaires pour dénoncer ces pertes futiles : il fallait être simple d'esprit pour croire que les juifs, parce qu'ils n'avaient pas de fusils, ne possédaient pas d'armes d'un autre calibre : des armes sociales, économiques et politiques. En fait, le juif était armé jusqu'aux dents. Trempez votre caractère dans l'acier, soulignaient les circulaires, car l'enfant juif est une bombe à retardement culturelle, la femme juive, un tissu biologique de toutes les trahisons, le mâle juif, un ennemi plus implacable encore qu'aucun Russe ne saurait l'être. (ch. 20)”