“Les idées, elles vont et viennent sans laisser de traces si elles ne sont pas imprégnées dans le sang, les entrailles,les seins et les plus obscures profondeurs des reins.”
“On ne se doute pas de tous les embêtements dont sont poursuivis les domestiques, ni de l’exploitation acharnée, éternelle qui pèse sur eux. Tantôt les maîtres, tantôt les placiers, tantôt les institutions charitables, sans compter les camarades, car il y en a de rudement salauds. Et personne ne s’intéresse à personne. Chacun vit, s’engraisse, s' amuse de la misère d' un plus pauvre que soi. Les scènes changent ; les décors se transforment ; vous traversez des milieux sociaux différents et ennemis ; et les passions restent les mêmes, les mêmes appétits demeurent. Dans l’appartement étriqué du bourgeois, ainsi que dans le fastueux hôtel du banquier, vous retrouvez des saletés pareilles, et vous vous heurtez à de l’inexorable. Enfin de compte, pour une fille comme je suis, le résultat est qu’elle soit vaincue d' avance, où qu' elle aille et quoi qu' elle fasse. Les pauvres sont l’engrais humain où poussent les moissons de vie, les moissons de joie que récoltent les riches, et dont ils mésusent si cruellement, contre nous...”
“Ne pourrait−on pas dire que toutes les religions du monde ne sont que des sectes de la religion naturelle, et que les juifs, les chrétiens, les musulmans, les païens même ne sont que des naturalistes hérétiques et schismatiques ?”
“Il y a, à Venise, trois lieux magiques et secrets : l'un dans la "rue de l'amour des amis", le deuxième près du "pont des merveilles" et le troisième dans le "sentier des marranes", près de San Geremia, dans le vieux ghetto. Quand les Vénitiens - parfois ce sont les Maltais - sont fatigués des autorités, ils vont dans ces lieux secrets et, ouvrant les portes au fond de ces cours, ils s'en vont pour toujours vers des pays merveilleux et vers d'autres histoires...”
“L'amitié a des grandeurs inconnues de l'amour. Elle se fortifie dans les difficultés, alors que les contraintes massacrent l'amour. Elle résiste au temps qui laisse et désunit les couples. Elle a des élévations inconnues de l'amour.”
“De même que la valeur de la vie n'est pas en sa surface mais dans ses profondeurs, les choses vues ne sont pas dans leur écorce mais dans leur noyau, et les hommes ne sont pas dans leur visage mais dans leur coeur.”
“victor hugo, Les Contemplations, MorsJe vis cette faucheuse. Elle était dans son champ. Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crépuscule. Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient ; elle changeait en désert Babylone, Le trône en échafaud et l'échafaud en trône, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux. Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit être. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ? -Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ; Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ; Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.Derrière elle, le front baigné de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.”