“La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d'émotion, de rire ou de rêverie”
“Les mauvaises langues ont l'habitude de voir leurs cobayes tout en noir ou tout en blanc et de leur attribuer des défauts ou des mobiles que le style sténographique de la conversation peut aisément suggérer.”
“Si nous étions lucides, instantanément l'horreur de ce qui nous entoure nous laisserait stupides. On ne saurait être parfaitement lucide et déambuler dans les rues de nos cités modernes sans en être affecté de façon ou d'autre. Ce qui ne signifie pas que nous devrions avoir envie de les reconstruire, nos cités, de les faire un peu moins laides - mais de les planter là, de filer pour ne plus revenir, oui. De tout flanquer en l'air, de plaquer le boulot, d'envoyer paître les obligations, le percepteur, les lois et tout ce qui s'ensuit. Un être humain parfaitement éveillé, croyez-vous qu'il se conduirait en cinglé, comme c'est le cas, comme on le lui demande, à chaque instant de la journée ?”
“On s'empresse de les décharger de toute tâche pénible et de tout souci: c'est les délivrer du même coup de toute responsabilité. On espère qu'ainsi dupées, séduites par la facilité de leur condition, elles accepteront le rôle de mère et de ménagére dans lequel on veut les confiner.”
“Monsieur Haneda était le supérieur de monsieur Omochi, qui était lesupérieur de monsieur Saito, qui était le supérieur de mademoiselle Mori quiétait ma supérieure. Et moi, je n'étais la supérieure de personne.On pourrait dire les choses autrement. J'étais aux ordres de mademoiselleMori, qui était aux ordres de monsieur Saito, et ainsi de suite, avec cetteprécision que les ordres pouvaient, en aval, sauter les échelons hiérarchiques.Donc, dans la compagnie Yumimoto, j'étais aux ordres de tout le monde.”
“Et les adultes surdoués ? Quelle est leur place dans cette société qui vit de bonheur comme un objectif, sinon comme un droit ? Leur esprit critique, leur soif d'absolu, leur façon de penser, leur regard sur le monde leur donnent-ils la moindre chance d'accéder au bonheur ? Là encore les adultes surdoués continuent d'être différents qualitativement et quantitativement. Leurs traits de caractère leur font envisager cette notion d'une façon toute particulière. Qu'il soient heureux ou malheureux, ils le sont toujours à leur manière. ("L'adulte surdoué : Apprendre à faire simple quand on est compliqué", p163)”