“Quant à moi, maintenant, j'ai fermé mon âme. Je ne dis plus à personne ce que je crois, ce que je pense et ce que j'aime. Me sachant condamné à l'horrible solitude, je regarde les choses, sans jamais émettre mon avis. Que m'importent les opinions, les querelles, les plaisirs, les croyances ! Ne pouvant rien partager avec personne, je me suis désintéressé de tout. Ma pensée, invisible, demeure inexplorée. J'ai des phrases banales pour répondre aux interrogations de chaque jour, et un sourire qui dit "oui", quand je ne veux même pas prendre la peine de parler.”
“Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai compris qu'en toutes circonstances,J’étais à la bonne place, au bon moment.Et alors, j'ai pu me relaxer.Aujourd'hui je sais que cela s'appelle...l'Estime de soi.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelleN’étaient rien d'autre qu'un signalLorsque je vais à l'encontre de mes convictions.Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J'ai cessé de vouloir une vie différenteEt j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arriveContribue à ma croissance personnelle.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai commencé à percevoir l'abusDans le fait de forcer une situation ou une personne,Dans le seul but d'obtenir ce que je veux,Sachant très bien que ni la personne ni moi-mêmeNe sommes prêts et que ce n'est pas le moment...Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai commencé à me libérer de tout ce qui n'était pas salutaire, personnes,situations, tout ce qui baissait mon énergie.Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé d'avoir peur du temps libreEt j'ai arrêté de faire de grands plans,J’ai abandonné les méga-projets du futur.Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aimeQuand cela me plait et à mon rythme.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé de chercher à avoir toujours raison,Et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.Aujourd'hui, j'ai découvert ... l'Humilité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé de revivre le passéEt de me préoccuper de l'avenir.Aujourd'hui, je vis au présent,Là où toute la vie se passe.Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.Et cela s'appelle... la Plénitude.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.Mais si je la mets au service de mon coeur,Elle devient une alliée très précieuse !Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.Du chaos naissent les étoiles.”
“D’où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? On dirait que l’air, l’air invisible est plein d’inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. Je m’éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. – Pourquoi ? – Je descends le long de l’eau ; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé, comme si quelque malheur m’attendait chez moi. – Pourquoi ? – Est-ce un frisson de froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs et assombri mon âme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublé ma pensée ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre cœur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables ?”
“Mais à cette heure, où suis-je ? Et comment séparer ce café désert de cette chambre du passé. Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Les lumières des phares sont là. Et l’Arabe qui se dresse devant moi me dit qu’il va fermer. Il faut sortir. Je ne veux plus descendre cette pente si dangereuse. Il est vrai que je regarde une dernière fois la baie et ses lumières, que ce qui monte alors vers moi n’est pas l’espoir de jours meilleurs, mais une indifférence sereine et primitive à tout et à moi-même. Mais il faut briser cette courbe trop molle et trop facile. Et j’ai besoin de ma lucidité. Oui, tout est simple. Ce sont les hommes qui compliquent les choses. Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Qu’on ne nous dise pas du condamné à mort : « Il va payer sa dette à la société », mais : « On va lui couper le cou. » Ça n’a l’air de rien. Mais ça fait une petite différence. Et puis, il y a des gens qui préfèrent regarder leur destin dans les yeux.”
“Est-ce que j'ai seulement envie de quelque chose? J'ai tout. Chaque matin j'ouvre les yeux et je me découvre milliardaire: la vie est là, discrète, bruyante, colorée, petite, immense.[...]Vraiment, j'ai tout. Pourquoi aurais-je envie de quelques chose de plus? Y a-t-il quelque chose de plus que tout?[...]Je ne comprends rien à ce monde. J'adore regarder ce monde auquel je ne comprends rien. Le regarder et l'écouter.[...]Voir, entendre, aimer. La vie est un cadeau dont je défais les ficelles chaque matin, au réveil. La vie est un trésor dont je découvre le plus beau chaque soir, avant de fermer les paupières: Geai assise au pied du lit, souriante.”
“Seigneur je suis très fatigué.Je suis né fatigué.Et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coqEt le morne est bien haut qui mène à leur école.Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.Je veux suivre mon père dans les ravines fraîchesQuand la nuit flotte encore dans le mystère des boisOù glissent les esprits que l'aube vient chasser.Je veux aller pieds nus par les rouges sentiersQue cuisent les flammes de midi,Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers,Je veux me réveillerLorsque là-bas mugit la sirène des blancsEt que l'Usine Sur l'océan des cannesComme un bateau ancréVomit dans la campagne son équipage nègre...Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.Ils racontent qu'il faut qu'un petit nègre y aillePour qu'il devienne pareilAux messieurs de la villeAux messieurs comme il fautMais moi je ne veux pasDevenir, comme ils disent,Un monsieur de la ville,Un monsieur comme il faut.Je préfère flâner le long des sucreriesOù sont les sacs repusQue gonfle un sucre brun autant que ma peau brune. Je préfère vers l'heure où la lune amoureuseParle bas à l'oreille des cocotiers penchésEcouter ce que dit dans la nuitLa voix cassée d'un vieux qui raconte en fumantLes histoires de Zamba et de compère LapinEt bien d'autres choses encoreQui ne sont pas dans les livres.Les nègres, vous le savez, n'ont que trop travaillé. Pourquoi faut-il de plus apprendre dans les livresQui nous parlent de choses qui ne sont point d'ici ?Et puis elle est vraiment trop triste leur école,Triste commeCes messieurs de la ville,Ces messieurs comme il fautQui ne savent plus danser le soir au clair de luneQui ne savent plus marcher sur la chair de leurs piedsQui ne savent plus conter les contes aux veillées.Seigneur, je ne veux plus aller à leur école.”
“Je suis disponible à toute heure, tous les jours et pour toutes les tâches, et il me semble utile de le répéter plusieurs fois d'un ton déterminé. Ma seule contrainte est mon travail sur le ferry. Je pourrais y renoncer si ce contrat se révélait plus intéressant, mais il me faudrait davantage de détails. La directrice est affligée par mon comportement. Elle me le dit. "Pour moi aussi, c'est difficile. Vous ne vous en rendez même pas compte, tout occupée que vous êtes par votre petit nombril. Je me demande souvent ce que les femmes comme vous ont dans la tête. Qu'est-ce que vous voulez, au fond ? On dit qu'il y a du chômage, mais regardez : je ne trouve personne. Je ne vous retiens pas, chère madame.”