“Seul,Être à soi-même son pain,Et encore, il s'engrange qu'il dit,Et pète par toutes les fissures.En blocs, en lames, en jets et en cristal,Mais derrière le mur de ses paroles,C'est un grand sourd.”

Henri Michaux

Explore This Quote Further

Quote by Henri Michaux: “Seul,Être à soi-même son pain,Et encore, il s'en… - Image 1

Similar quotes

“Que la langue du génocide ne doive, à aucun prix, se galvauder ; que veiller sur la probité des mots en général et de celui-ci en particulier soit une tâche intellectuelle et politique prioritaire ; qu'il se soit produit à Auschwitz, un événement sans précédent, incomparable à tout autre et que la lutte contre la banalisation, et de la chose, et du mot qui la désigne, soit un impératif, non seulement pour les Juifs, mais pour tous ceux que lèse ce crime (autrement dit, l'humain comme tel ; l'humain en chaque homme, chaque femme, d'aujourd'hui) ; que la Shoah soit le génocide absolu, l'étalon du genre, la mesure même du non-humain ; que cette singularité tienne tant à l'effroyable rationalité des méthodes (bureaucratie, industrie du cadavre, chambre à gaz) qu'à sa non moins terrible part d'irrationalité (l'histoire folle, souvent notée, des trains de déportés qui avaient, jusqu'au dernier jour, priorité sur les convois d'armes et de troupes), à sa systématicité (des armées de tueurs lâchés, dans toute l'Europe, à la poursuite de Juifs qui devaient être traqués, exterminés sans reste, jusqu'au dernier) ou à sa dimension, son intention métaphysique (par-delà les corps les âmes et, par-delà les âmes, la mémoire même des textes juifs et de la loi) - tout cela est évident ; c'est et ce sera de plus en plus difficile à faire entendre, mais c'est établi et évident...(ch. 57La Shoah au coeur et dans la tête)”


“À quoi bon écrire ? tout s'imprime en moi et c'est peut-être la pure poésie que de se laisser imprégner et de déchiffrer en soi-même la signature des choses.”


“Il a beau être décidé à distinguer, comme il dit, des visages. Il a beau dire : "les noms ! les noms ! damnés, j'écris vos noms !" Il sait que c'est le sien, de visage, que l'on verra le plus, à l'arrivé. Il sait que c'est le sien, de nom, qui sera en haut de la page du journal et, le moment venu, sur la couverture du livre qu'il tirera de tout cela. Il a beau être sincère quand, au fond de sa barge, il se dit : "je suis là pour eux, seulement pour eux, je n'ai qu'un parti, celui des endeuillés", il connaît trop la musique, il a trop l'habitude des ruses diaboliques de l'oubli de soi, pour se faire la moindre illusion sur ce qu'il y a de vicié, et d'absurde, dans le système : quand le chroniqueur montre l'horreur, Paris regarde la plume ; quand il dit : "voyez ces vaincus" c'est lui qui sort vainqueur.(ch. 38 BH juge de BHL)”


“N'en déplaise aux bêtifications des nouveaux adultes occidentaux, n'en déplaise à cette nouvelle religion - la seule, au fond, qui tienne et fasse même l'unanimité - selon laquelle l'enfance, en tant que telle, serait pure, sainte, source de vérité, de beauté, de morale, on peut être un enfant et être un monstre. Alors, d'accord pour la cause des enfants suppliciés. D'accord pour, à l'Onu et ailleurs, lancer des actions en vue de tirer le maximum d'enfants de cet enfer que sont les guerres. Mais pas d'accord pour alimenter à travers ces actions le vieux préjugé de l'enfance innocente et sacrés.(ch. 19 La nuit des enfants-soldats”


“Fin de l'Histoire (...) La panne du négatif, la fin de la dialectique, le renoncement au labeur technicien et à son inlassable souci de métamorphoser le donné, annonçaient-ils une humanité oisive mais heureuse, presque opulente, qui, en échange de son désir, de sa passion de la reconnaissance et des rivalités mimétiques qui allaient avec, se voyait libérée de ce que Marx appelait "le royaume de la nécessité" et, donc, de ses besoins ? Elle signifie, ici, une terre en friche et vouée à la vermine, les récoltes qui pourrissent, la fange dans les champs, les hommes affamés - elle signifie, non plus l'oisiveté, mais la misère : non plus l'opulence, mais le dénuement ; non plus la satisfaction mais l'empire absolu du besoin.(ch. 25 Hegel et Kojève africains)”


“Quelle est la première chose que je faisais quand, retour d'une plongée dans la géhenne du Bengla-Desh, je rentrais souffler un peu, dans l'autre Bengale, à Calcutta ? Je fonçais au siège du Times of India pour voir, dans les éditions du journal que j'avais manquées, les cartes indiquant les mouvements de troupe, donc le sens de la bataille que j'avais vécue de l'intérieur et à laquelle j'avais l'impression de n'avoir, du coup, rien compris.(...) Stendhal a raison. le point de vue de Fabrice est un point de vue partiel, en effet. Obtus. Inintelligent. Mais voilà. C'est le seul. Il n'y en a pas d'autre. Il n'y a rien de plus à voir dans la réalité des guerres que cet enfer absurde où l'on se demande en permanence où l'on est, où l'on va, d'où viennent les obus, qui les tire et ce que sont devenues les belles vertus héroïques chantées par la littérature de guerre. Fabrice n'a peut-être rien compris. Mais c'est tout ce qu'il y avait à comprendre. C'est l'essence même de la guerre que de donner ce sentiment d'incompréhensible chaos, d'absurdité, de juxtaposition de points de vue idiots, aveugles, fermés les uns sur les autres.(ch. 43 Le théorème de Stendhal)”