“Si nous étions lucides, instantanément l'horreur de ce qui nous entoure nous laisserait stupides. On ne saurait être parfaitement lucide et déambuler dans les rues de nos cités modernes sans en être affecté de façon ou d'autre. Ce qui ne signifie pas que nous devrions avoir envie de les reconstruire, nos cités, de les faire un peu moins laides - mais de les planter là, de filer pour ne plus revenir, oui. De tout flanquer en l'air, de plaquer le boulot, d'envoyer paître les obligations, le percepteur, les lois et tout ce qui s'ensuit. Un être humain parfaitement éveillé, croyez-vous qu'il se conduirait en cinglé, comme c'est le cas, comme on le lui demande, à chaque instant de la journée ?”
“Au fond, les gens ne lisent pas ; ou, s'ils lisent, ils ne comprennent pas ; ou, s'ils comprennent, ils oublient.”
“Je le saluerais d'un cri de victoire, s'il [l'homme nouveau] pouvait prouver que l'existence, sur ce vaste continent, peut se passer des articles de première nécessité ci-dessus mentionnés [laboratoires, usines chimiques, aciéries, avions, munitions, tracteurs et aliments pasteurisés]. Oui, ce serait un type très suprême d'homme s'il apportait la démonstration que l'existence, tant ici qu'ailleurs, peut se passer de travail forcé, d'instruments de torture, d'outils de mort, d'argent, de dernière mode, de prophylaxie, de gouvernement et la suite.”
“Ni una sola vez habían abierto la puerta que conduce hasta el alma; ni una sola vez se les ocurrió dar un salto a ciegas en la obscuridad.”
“La plupart des mariages sont bâtis sur une tombe : celle de l'amour. La plupart des couples mariés ne sont que défunts amants légalement appariés. On le sent vivement, le dimanche après-midi, en les regardant déambuler sur les boulevards. On dirait des automates, attelés deux par deux à d'invisibles jougs. Parfois, la progéniture traîne derrière - satellites mystérieux enchaînés de droit à leurs auteurs inanimés.”
“Nous avons coutume de considérer que nous formons un grand corps démocratique dont les membres sont liés entre eux par une communauté de sang et de langage, et dont l'unité indissoluble est assurée par tous les modes de communication qu'ait pu tramer l'ingéniosité de l'homme ; nos vêtements, notre alimentation sont identiques ; nous lisons les mêmes journaux (exactement, titre, poids et tirage mis à part) ; nous sommes le peuple le plus collectiviste du monde, hormis quelques peuplades primitives que nous tenons arriérés dans leur développement. Et pourtant...Pourtant, malgré tant d'apparences qui sembleraient prouver que nous sommes étroitement liés et apparentés ; que nous vivons en bons voisins ; que nous avons bon caractère ; que nous sommes serviables, compatissants, fraternels presque, nous sommes un peuple solitaire, un troupeau morbide et dément, se démenant de tous côtés dans une rage frénétique et jalouse ; un peuple qui voudrait oublier qu'il n'est pas ce qu'il croit, un peuple qui n'est pas réellement uni ; dont les individus n'ont, les uns pour les autres, aucun dévouement réel, aucune attention réelle, ne sont, en vérité, que des unités brassées par Dieu sait quelle main invisible, selon une arithmétique qui n'est pas notre affaire.”