“Chacun en leur temps, briques, couteaux, bouteilles et divers arguments rationnels avaient rebondi sur cette vaste surface en ne laissant que d'infimes empreintes entre des pores profonds et très espacés.”
“il existait sans doute entre les inquiétes créatures humaines des répulsions et des haines surgies du plus profond de leur nature, et qui, le jour où il ne serait plus de mode de s'exterminer pour cause de religion, se donneraient cours autrement.(La promenade sur la dune)”
“Nous allons te parler de gens qui vivaient en notre temps, soit il y a plus de cent ans, et ne sont guère plus pour toi que des noms inscrits sur des croix inclinées ou des pierres tombales fissurées. D'une vie et de souvenirs qui ont disparu en vertu de l'implacable loi du temps. En cela, nous allons le changer. Nos paroles sont telles des brigades de sauveteurs qui jamais ne renoncent à leur quête, leur but est d'arracher des événements passés et des vies éteintes au trou noir de l'oubli et cela n'a rien d'une petite entreprise, mais il se peut aussi qu'elles glanent en chemin quelques réponses et qu'elles nous délivrent de l'endroit où nous nous tenons avant qu'il ne soit trop tard. Contentons-nous de cela pour l'instant, nous t'envoyons ces mots, ces brigades de sauveteurs désemparées et éparses. Elles sont incertaines de leur rôle, toutes les boussoles sont hors d'usage, les cartes de géographie déchirées ou obsolètes, mais réserve-leur tout de même bon accueil. Ensuite, nous verrons bien. (p. 4)”
“J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix quim'est chère?J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne seplieraient pas au contour de ton corps, peut-être.Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, jedeviendrais une ombre sans doute. O balances sentimentales.”
“Naphta commença à parler de pieux excès de la charité qu'avait connus le moyen âge, de cas étonnants de fanatisme et d'exaltation dans les soins donnés aux malades : des filles de rois avaient baisé les plaies puantes de lépreux, s'étaient volontairement exposées à la contagion de la lêpre, avaient appelé leurs roses les ulcères qui se formaient sur leur corps, avaient bu l'eau où s'étaient lavés des malades purulents et avaient déclaré ensuite que rien ne leur avait jamais semblé meilleur.(ch. VI, operationes spirituales)”
“philosophes qui ont pu autrefois se soustraire de l'empire de la fortune, et, malgré les douleurs et la pauvreté, disputer de la félicité avec leurs dieux. Car s'occupant sans cesse à considérer les bornes qui leur étaient prescrites par la nature, ils se persuadaient si parfaitement que rien n'était en leur pouvoir que leurs pensées, que cela seul était suffisant pour les empêcher d'avoir aucune affection pour d'autres choses; et ils disposaient d'elles si absolument qu'ils avaient en cela quelque raison de s'estimer plus riches, et plus puissants, et plus libres, et plus heureux qu'aucun des autres hommes, qui, n'ayant point cette philosophie, tant favorisés de la nature et de la fortune qu'ils puissent être, ne disposent jamais ainsi de tout ce qu'ils veulent. (partie 3, para 4)”