“L'intelligence l'avait toujours fasciné et son décryptage était devenu, au fil des années, sa passion. Les mécanismes de l'intelligence, son origine, ses manifestations, ses failles et dérobades lui semblaient les seuls à pouvoir décrire l'état d'humain.”
“Donna Tosacana était devenue une femme imposante, toujours vêtue de noir depuis la mort de son mari. Sous la soie noire extérieure, elle portait des jupons, quatre jupons aux couleurs vives. Ses chevilles enflées ressemblaient à des goitres. Ses minuscules chaussures paraissaient prêtes à éclater sous la pression de ses cente vingt-cinq kilos. Une douzaine de seins superposés semblaient s'écraser sur sa poitrine. Elle était bâtie comme une pyramide, sans hanches. Ses bras étaient si charnus qu'ils ne tombaient pas à la verticale, mais faisaient un angle avec son corps ; ses doigts enrobés de graisse évoquaient des saucisses. Elle n'avait quasiment pas de cou. Quand elle tournait la tête, les bourrelets de chair se déplaçaient avec la lenteur mélancolique de la cire molle. On voyait son crâne rose à travers ses cheveux blancs clairsemés. Son nez était mince et exquis, mais ses yeux évoquaient deux raisins noirs écrasés. Dès qu'elle parlait, ses fausses dents jacassaient dans l'idiome qui leur était propre.”
“Lorsque l'esprit des hommes te paraîtra étroit, dis-toi que la terre de Dieu est vaste, et vastes Ses mains et Son coeur. N'hésite jamais à t'éloigner, au delà de toutes les mers, au-delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances”
“Un jour le Meschacebé, encore assez près de sa source, se lassa de n'être qu'un limpide ruisseau. Il demande des neiges aux montagnes, des eaux aux torrents, des pluies aux tempêtes, il franchit ses rives, et désole ses bords charmants. L'orgueilleux ruisseau s'applaudit d'abord de sa puissance; mais voyant que tout devenait désert sur son passage; qu'il coulait, abandonné dans la solitude; que ses eaux étaient toujours troublées, il regretta l'humble lit que lui avait creusé la nature, les oiseaux, les fleurs, les arbres et les ruisseaux, jadis modestes compagnons de son paisible cours.”
“(...) Marx explique que les droits de l'homme sont les droits de l'individu séparé de l'homme (...), c'est l'égoïsme de l'homme bourgeois, qui se meut selon ses intérêts individuels, l'homme séparé de sa communauté, de son passé, de sa classe, de son pays. Selon Marx, les droits de l'homme reflètent (...) le triomphe de l'individu et de ses intérêts à court terme sur son environnement, naturel et social.”
“Martin, lui, pensa à Gabrielle. Elle était son énigme, son amour et sa blessure. Pour toujours et à jamais. Car il y a des douleurs dans la vie dont on ne peut pas guérir.”