“Leurs cheveux pouvaient bien grouiller de poux, leurs gencives saigner, leurs ventres crier dans le vide, ils avaient l'éclatante santé des rêveurs.”
“Il continuait inlassablement à caresser les cheveux de Nathalie. Il les aimait tellement, il voulait les connaître un par un, savoir leur histoire et leur pensée. Il voulait partir en voyage dans ses cheveux...”
“L'histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines.L'histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout.”
“Naphta commença à parler de pieux excès de la charité qu'avait connus le moyen âge, de cas étonnants de fanatisme et d'exaltation dans les soins donnés aux malades : des filles de rois avaient baisé les plaies puantes de lépreux, s'étaient volontairement exposées à la contagion de la lêpre, avaient appelé leurs roses les ulcères qui se formaient sur leur corps, avaient bu l'eau où s'étaient lavés des malades purulents et avaient déclaré ensuite que rien ne leur avait jamais semblé meilleur.(ch. VI, operationes spirituales)”
“Et les adultes surdoués ? Quelle est leur place dans cette société qui vit de bonheur comme un objectif, sinon comme un droit ? Leur esprit critique, leur soif d'absolu, leur façon de penser, leur regard sur le monde leur donnent-ils la moindre chance d'accéder au bonheur ? Là encore les adultes surdoués continuent d'être différents qualitativement et quantitativement. Leurs traits de caractère leur font envisager cette notion d'une façon toute particulière. Qu'il soient heureux ou malheureux, ils le sont toujours à leur manière. ("L'adulte surdoué : Apprendre à faire simple quand on est compliqué", p163)”
“Je pense à elles comme à des oiseaux de cristal éclos dans un ciel obscurci par les fétides exhalaisons de nos corps. Je pense à elles comme à des comètes qui sillonnent la nuit de nos hontes et projettent une lumière incandescente sur nos remords. Je leur élèverai un monument de papier qui signalera à la postérité l'existence de ces trois déesses. Je serai leur scribe, leur porte-étendard, le serviteur de leur parole, le traducteur de leurs silences.”