“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal. (p.52)”
“Le salaire n'est pas qu'un coût, c'est aussi le revenu qui conditionne la survie, le niveau de vie et le sentiment d'être traité équitablement. Le travailleur n'est pas une marchandise morte, mais un être humain réactif qui adapte son degré d'effort, d'implication, de coopération au traitement (dans tous les sens du terme) qui lui est proposé par son employeur. C'est pourquoi le salaire n'est pas comparable au prix de n'importe quelle autre matière première dont la baisse serait toujours une bonne nouvelle.”
“Le bonheur n'est pas une chose; c'est une pensée. Ce n'est pas un fait; c'est une invention. Ce n'est pas un état; c'est une action. Disons le mot: le bonheur est création.[...] C'est une praxis, disait- Aristote, et point une poiésis.”
“Voilà bientôt deux siècles que nous vivons avec la conception de l'artiste - qu'il soit sculpteur, poète, écrivain, peintre, compositeur (ou interprète) - en tant que héros romantique et isolé, marginal et souvent paria, un chaman sans portefeuille, un individu doté d'un souffle impressionnant, réel ou truqué, qui lui permet de gonfler son ego jusqu'aux dimensions d'un dirigeable afin de se prémunir contre les coups, réels ou imaginaires, que lui assènent ses concitoyens. Ce n'est pas le genre de personne prompte à reconnaître que nous sommes tous "comme des moutons sortis du droit chemin". Souvent doté d'un aplomb évident, il se croit unique, mais c'est en définitive le cas de tout le monde, à des degrés divers.”
“On n'est pas le même selon qu'on a mangé du boudin ou du caviar; on n'est pas le même non plus selon qu'on vient de lire du Kant […] ou du Queneau.”
“Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand'chose; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse celle des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son sembable.Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C'est là toute la supériorité que j'attribuerais à l'être humain sur la bête. Il n'en est rien.”