“On dit que la chance ne passe qu'une fois à votre portée, qu'il faut la saisir à son tour. Après c'est fini. Elle est partie ailleurs et ne reviendra plus. Seuls les amnésiques n'ont pas de regrets.”
“C'est à la toute fin d'une expiration qu'il faut tirer, juste avant de reprendre son souffle. C'est le moment le plus calme et le plus précis. On dit aussi les choses importantes après une grande expiration. (La foi du braconnier, p.108)”
“Une autre année à regarder un afficheur qui n'affiche rien, parce que les hommes de 1997,comme les hommes de 1996, n'appellent pas pour dire qu'ils ne rappelleront plus, qu'ils n'ont plus rien à nous dire, qu'ils ne veulent surtout pas savoir qui ont est après.”
“Au grand jour, à voix haute, il dit comme Susan Sontag, qui a écrit là-dessus un essai beau et digne, La Maladie comme métaphore : l'explication psychique du cancer est à la fois un mythe sans fondement scientifique et une vilenie morale, parce qu'elle culpabilise les malades. Cela, c'est la thèse officielle, la ligne du Parti. Dans le noir, en revanche, il dit ce que disent Fritz Zorn ou Pierre Cazenave : que son cancer n'était pas un agresseur étranger mais une partie de lui, un ennemi intime et peut-être même pas un ennemi. La première façon de penser est rationnelle, la seconde est magique. On peut soutenir que devenir adulte, à quoi est supposé aider la psychanalyse, c'est abandonner la pensée magique pour la pensée rationnelle, mais on peut soutenir aussi qu'il ne faut rien abandonner, que ce qui est vrai à un étage de l'esprit ne l'est pas à l'autre et qu'il faut habiter tous les étages, de la cave au grenier. J'ai l'impression que c'est ce que fait Étienne.”
“À ce moment là, j'ai dû comprendre pour la première fois que le mal est irrémédiable et qu'il est impossible de réparer un tort quoique l'on fasse ensuite. Le seul remède est de ne pas en commettre et ne pas en commettre est en ce monde l'oeuvre la plus ardue et secrète.”
“Il ne savait pas encore s'il souffrait parce qu'il suivait une pente et que l'avenir venait à lui sans qu'il eût à s'en saisir. Quand on s'abandonne on ne souffre pas. Quand on s'abandonne même à la tristesse on ne souffre plus.”