“Le "moment" d’un paysage est aussi unique que celui d’un portrait, et souvent le photographe n’y est pour rien, sinon qu’il a été là au moment où il le fallait. Ensuite l’image vivra sa vie, enrichie par l’imaginaire de ceux qui la regarderont et par la nostalgie de celui qui l’a faite.”

J.L. Sieff

J.L. Sieff - “Le "moment" d’un paysage est aussi unique...” 1

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“La phrase : "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger" me semble être, sinon le dernier mot de la sagesse, en tout cas l'un des plus profonds, et ce que j'aime chez Etienne, c'est qu'il le prend à la lettre, c'est même ce qui selon moi lui donne le droit d'être juge. De ce qui le fait humain, pauvre, faillible, magnifique, il ne veut rien retrancher, et c'est aussi pourquoi dans le récit de sa vie je ne veux, moi, rien couper.”

Emmanuel Carrère
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“LA ROSE ET LE RESADACelui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blés sont sous la grêleFou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gèle Lequel préfère les ratsCelui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Deux sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie à trépas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Répétant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle Même couleur même éclatCelui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mêle À la terre qu'il aima Pour qu'à la saison nouvelle Mûrisse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flûte ou violoncelle Le double amour qui brûla L'alouette et l'hirondelle La rose et le réséda”

Louis Aragon
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“Qui n’a pas ressenti ce frémissement de l’être provoqué par un désir demeuré secret ? Le fait de rêver à l’amour d’un autre rend parfois si heureux que la vie semble soudainement réjouissante et charmante. Le désir est merveilleux car il est une chance d’évolution de l’être. Les poètes s’enivrent de ces « moments sans suite », qui peuvent être reconvertis en d’autres matières, qui n’ont pas besoin de concrétisation matérielle pour amener à l’exaltation érotique et fournir une inspiration créatrice.”

Serge Chaumier
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“Le Bien ne laisse aucune trace matérielle – et donc aucune trace, car vous savez ce que vaut la gratitude des hommes. Rien ne s’oublie aussi vite que le Bien. Pire: rien ne passe aussi inaperçu que le Bien, puisque le Bien véritable ne dit pas son nom – s’il le dit, il cesse d’être le Bien, il devient de la propagande. Le Beau, lui, peut durer toujours: il est sa propre trace. On parle de lui et de ceux qui l’ont servi. Comme quoi le Beau et le Bien sont régis par des lois opposées: le Beau est d’autant plus beau qu’on parle de lui, le Bien est d’autant moins bien qu’il en est question. Bref, un être responsable qui se dévouerait à la cause du Bien ferait un mauvais placement.- Pourtant, le Mal, on en parle !- Ah oui: le Mal est encore plus rentable que le Beau. Ceux qui ont investi dans le Mal ont fait le meilleur placement. Les noms des bienfaiteurs de votre époque sont oubliés depuis longtemps, quand ceux de Staline ou de Mussolini ont à nos oreilles des consonances familières.”

Amélie Nothomb
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“On apprit qu’il avait été arrêté, en dehors de la ville, en proie à un accès de folie furieuse. On l’avait conduit à l’hôpital où il était mort deux jours après.Une mort pareille était la conséquence nécessaire, naturelle, de toute sa vie. Il devait mourir ainsi, quand tout ce qui le soutenait dans la vie disparaissait d’un coup comme une vision, comme un rêve vide. Il mourut après avoir perdu son dernier espoir, après avoir eu la vision nette de tout ce qui avait leurré et soutenu sa vie. La vérité l’aveugla de son éclat insoutenabe . et ce qui était le mensonge lui apparut tel à lui-même. Pendant la dernière heure de sa vie, il avait entendu un génie merveilleux qui lui avait conté sa propre existence et l’avait condamné pour toujours. Avec le dernier son jailli du violon du génial S... s’était dévoilé à ses yeux tout le mystère de l’art, et le génie, éternellement jeune, puissant et vrai, l’avait écrasé de sa vérité. Il semblait que tout ce qui l’avait tourmenté durant toute sa vie, par des souffrances mystérieuses, indicibles, tout ce qu’il n’avait vu jusqu’à ce jour que dans un rêve et qu’il fuyait avec horreur et se masquait par le mensonge de toute sa vie, tout ce qu’il pressentait et redoutait, tout cela, tout d’un coup, brillait à ses yeux qui, obstinément, ne voulaient par reconnaître que la lumière est la lumière, et que les ténèbres sont les ténèbres. La vérité était intolérable pour ces yeux qui voyaient clair pour la première fois ; elle l’aveugla et détruisit sa raison.Elle l’avait frappé brusquement, comme la foudre. Soudain s’était réalisé ce qu’il avait attendu toute sa vie avec un tremblement de terreur. Il semblait que durant toute sa vie une hache avait été suspendue au-dessus de sa tête ; que toute sa vie il avait attendu à chaque instant, dans des souffrance indicibles, que cette hache le frappât. Enfin elle l’avait frappé. Le coup était mortel. Il voulait s’enfuir, mais il ne savait où aller. Le dernier espoir s’était évanoui, le dernier prétexte anéanti. Celle dont la vie lui avait été un fardeau pendant de longues années, celle dont la mort, ainsi qu’il le croyait dans son aveuglement, devait amener sa résurrection à lui, était morte. Enfin il était seul ; rien ne le gênait. Il était enfin libre ! Pour la dernière fois, dans un accès de désespoir, il avait voulu se juger soi-même, se condamner impitoyablement comme un juge équitable ; mais son archet avait faibli et n’avait pu que répéter faiblement la dernière phrase musicale du génie. À ce moment, la folie, qui le guettait depuis dix ans, l’avait frappé irrémissiblement”

Fyodor Dostoevsky
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