“Si notre coeur était toujours ouvert au bien que Dieu nousenvoie chaque jour, nous aurions alors assez de force pour supporter lemal quand il se présente.”
“Oh! tout ce que nous n'avons point fait et que pourtant nous aurions pu faire...penseront-ils, sur le point de quitter la vie. - Tout ce que nous aurions dû faire et que pourtant nous n'avons point fait! par souci des considérants, par temporisation, par paresse, et pour s'être trop dit: "Bah! nous aurons toujours le temps." Pour n'avoir pas saisi le chaque jour irremplaçable, l'irretrouvable chaque instant. Pour avoir remis à plus tard la décision, l'effort, l'étreinte...L'heure qui passe est bien passée? -Oh! toi qui viendras, penseront-ils, sois plus habile: Saisis l'instant!”
“C'est étrange de savoir si peu avec qui on dort. C'est étrange mais la plupart du temps, étendu contre l'autre, nous fermons les yeux, et quand nous les ouvrons au hasard nous sommes bien trop près pour reconnaître ce visage. On ne sait pas qui est "nous", on ne sait pas décider de la grammaire, alors ce qui ne peut se dire, on le tait.”
“Ce n'est pas dur à deviner: toutes ces choses qui passent, que nous manquons d'un iota et qui sont ratées pour l'éternité...Toutes ces paroles que nous aurions dû dire, ces gestes que nous aurions dû faire, ces kairos fulgurants qui ont un jour surgi, qu'on n'a pas su saisir et qui se sont enfoncés pour toujours dans le néant...L'échec à un pouce près.”
“Nous nous trouvons dans la situation des premiers chrétiens qui demandaient que faisait Dieu avant d'avoir créé le monde. La réponse populaire était « Il préparait l'enfer pour ceux qui se posent cette question ! »... Saint Augustin n'était pas d'accord. Il avait bien vu la difficulté d'une telle interrogation. Elle supposait que le temps existait « avant » la création. Il répondait que la création était non seulement celle de la matière, mais aussi celle du temps !”
“Qui n'a pas un jour, au nom d'une légitime aversion pour le gaspillage, contraint son enfant à terminer son assiette quand le malheureux se sentait déjà au bord de l'indigestion ? Ce faisant, nous ne comprenons pas que le gaspillage s'est déjà irrémédiablement produit quand nous avons préparé un dîner trop copieux par rapport à ce qui était nécessaire pour procurer la satisfaction recherchée. Nous perdons de vue qu'il s'agit de nourrir correctement notre enfant et non de le gaver.Nous ajoutons à l'erreur initiale d'évaluation une erreur de diététique et d'éducation qui finira par accoutumer l'organisme de notre chérubin à des quantités excessives de nourriture, réduira ainsi son espérance de vie, perturbera éventuellement son entendement en lui inculquant la conviction que les gens se réunissent autour d'une table pour s'infliger des violences ou, au contraire, ce qui n'est guère préférable, qu'aimer les autres consiste plus à les remplir qu'à les écouter.”