“Maintenant je le savais, maintenant j'allais le faire. Je suis remonté là-haut en courant, avec la bouteille d'eau bénite, un idiot muni d'eau bénite, je le savais, je savais que j'étais idiot, mais je m'en moquais. Je devais les avertir de mon arrivée. Je devais au moins les prévenir, ils avaient droit à ça. J'ai gueulé : "Eau bénite !""L'eau bénite arrive !""Voilà l'eau bénite !"Quand je me suis rué dans l'entrée de la mine, ils étaient tous immobiles sur le sol, blancs et nus et paralysés, figés comme de blâmes cadavres."Attention à l'eau bénite ! Voici l'homme qui détient l'eau bénite ! Un truc super puissant !"J'ai ai éclaboussé un peu partout, elle glougloutait hors de la bouteille en giclant sur leurs cadavres blancs. "C'est l'eau bénite, les amis ! Un truc super-puissant !" Sur leurs visages, leurs poitrines, leurs parties poilues, jeter l'eau bénite, chasser le diable, tuer le diable, sauver mon père, libérer mon père !”

John Fante

John Fante - “Maintenant je le savais, maintenant...” 1

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“Je m'appelle Gaëlle, j'ai trente-quatre ans, j'ai un gros cul, je suis assistante dans la com', je m'éclate dans mon boulot, je suis super-pro et je ne supporte pas les incompétents. Tous les matins, je prends mon métro à Ledru-Rollin, je lis les gratuits, je me sape chez Zadig & Voltaire, je fais des régimes au printemps, je vote à gauche ou à droite, ça dépend, j'ai les pieds bien sur terre, j'aime pas revoir mes ex, le passé c'est le passé, j'aime pas trop le théâtre, je préfère le ciné, je m'engueule souvent avec ma mère, je me pose pas trop de questions, j'aime pas les gens prise de tête, je lis les bouquins d'Amélie Nothomb et la Star Ac', ça me fait marrer.”

David Thomas
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“Je pense à elles comme à des oiseaux de cristal éclos dans un ciel obscurci par les fétides exhalaisons de nos corps. Je pense à elles comme à des comètes qui sillonnent la nuit de nos hontes et projettent une lumière incandescente sur nos remords. Je leur élèverai un monument de papier qui signalera à la postérité l'existence de ces trois déesses. Je serai leur scribe, leur porte-étendard, le serviteur de leur parole, le traducteur de leurs silences.”

Linda Lê
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“Je ne sais rien de mes origines. Je suis né à Paris de mère inconnue et mon père photographiait les héroïnes. Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baiser de cinéma".”

Éric Fottorino
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“J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...”

Sartre Jean-Paul
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“Seigneur je suis très fatigué.Je suis né fatigué.Et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coqEt le morne est bien haut qui mène à leur école.Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.Je veux suivre mon père dans les ravines fraîchesQuand la nuit flotte encore dans le mystère des boisOù glissent les esprits que l'aube vient chasser.Je veux aller pieds nus par les rouges sentiersQue cuisent les flammes de midi,Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers,Je veux me réveillerLorsque là-bas mugit la sirène des blancsEt que l'Usine Sur l'océan des cannesComme un bateau ancréVomit dans la campagne son équipage nègre...Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.Ils racontent qu'il faut qu'un petit nègre y aillePour qu'il devienne pareilAux messieurs de la villeAux messieurs comme il fautMais moi je ne veux pasDevenir, comme ils disent,Un monsieur de la ville,Un monsieur comme il faut.Je préfère flâner le long des sucreriesOù sont les sacs repusQue gonfle un sucre brun autant que ma peau brune. Je préfère vers l'heure où la lune amoureuseParle bas à l'oreille des cocotiers penchésEcouter ce que dit dans la nuitLa voix cassée d'un vieux qui raconte en fumantLes histoires de Zamba et de compère LapinEt bien d'autres choses encoreQui ne sont pas dans les livres.Les nègres, vous le savez, n'ont que trop travaillé. Pourquoi faut-il de plus apprendre dans les livresQui nous parlent de choses qui ne sont point d'ici ?Et puis elle est vraiment trop triste leur école,Triste commeCes messieurs de la ville,Ces messieurs comme il fautQui ne savent plus danser le soir au clair de luneQui ne savent plus marcher sur la chair de leurs piedsQui ne savent plus conter les contes aux veillées.Seigneur, je ne veux plus aller à leur école.”

Guy Tirolien
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