“Allan supporta la privation pendant exactement cinq ans et trois semaines. Et puis un jour il annonça: maintenant j'ai envie de boire un coup. Et ici il n'y a rien à boire. Alors on s'en va.”
“Je pense, lui dis-je, que nous voilà, tous tant que nous sommes, à manger et à boire pour conserver notre précieuse existence et qu’il n’y a rien, rien, aucune raison d’exister… L’autodidacte répondit que la vie a un sens si on veut bien lui en donner un. Il faut d’abord agir, se jeter dans une entreprise. Il y a un but, Monsieur, il y a un but… il y a les hommes.”
“J'ai regardé à ma montre, et j'ai calculé combien de temps il me restait à vivre ; j'ai vu que j'avais encore une heure à peine. Il me reste assez de papier sur ma table pour retracer à la hête tous les souvenirs de ma vie et toutes les circonstances qui ont influé sur cet enchaînement stupide et logique de jours et de nuits , de larmes et de rires, qu'on a coutume d'appeler l'existence d'un homme.”
“Il y a cet entassement des corps dans le wagon cette lancinante douleur dans le genou droit. Les jours les nuits. Je fais un effort et j'essaye de compter les jours de compter les nuits. Ca m'aidera peut-être à y voir clair. Quatre jours cinq nuits. Mais j'ai dû mal compter ou alors il y a des jours qui se sont changés en nuits. J'ai des nuits en trop des nuits à revendre.”
“Et puis, il faut bien commencer un jour, se lancer, couper les fils, avancer sans les petites roues, se casser la gueule, se relever et recommencer.”
“Tout le monde voulait être dans le coup ce jour-là. Car, ce jour-là, on allait écrire l'Histoire avec un grand H. Il y avait eu un ghetto à Cracovie pendant plus de sept siècles, et voici qu'à la fin de la journée, ou au plus tard le lendemein, ces sept siècles ne seraient plus qu'une rumeur, et Cracovie serait enfin fiduciare (débarrassée des juifs).”