“Vous avez déjà perdu quelqu'un de proche? [...] Vous n'avez jamais l'impression que ces êtres-là vivent en vous? ... Vraiment... Qu'ils ont deposé en vous quelque chose qui ne disparaîtra que lorsque vous mourrez vous-même? ... Des gestes... Une façon de parler ou de penser... Une fidélité à certaines choses et à certains lieux... Croyez-moi. Les morts vivent. Ils nous font faire des choses. Ils influent sur nos décisions. Ils nous forcent. Nous façonnent.”

Laurent Gaudé

Laurent Gaudé - “Vous avez déjà perdu quelqu'un de...” 1

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“J'ai écouté le sermon du prêtre qui officiait devant la tombe de ma mère. On ne perd jamais ses parents, même après leur mort ils vivent encore en vous. Ceux qui vous ont conçu, qui vous ont donné tout cet amour afin que vous surviviez ne peuvent pas disparaître. Le prêtre avait raison, mais l'idée de savoir qu'il n'est plus d'endroit dans le monde où ils respirent, que vous n'entendrez plus leur voix, que les volets de votre maison d'enfance seront clos à jamais, vous plonge dans une solitude que même Dieu n'avait pu concevoir.”

Marc Levy
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“Ne m'interrompez point, mes enfants! je pense donc que vous- savez quinous sommes.Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrents'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou lenaufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves: la vengeance avait dicté cette loi; vingt ans après la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons; ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos coeurs que nousvoulons détruire; nous vous jetons dans l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l'avoir été. Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité, dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie, si vos maîtres sont contents de vos progrès; et si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs; et par bonté pour vous,nous vous marions avec une de nos citoyennes. Ce sont là nos lois à cet égard, mettez à profit leur rigueur salutaire. Remerciez le sort qui vous conduit ici; il vous remet en nos mains durs, injustes et superbes; vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains; c'est-à-dire, humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie.”

Pierre Marivaux
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“..il existe un sentiment permanent de solitude... Les autres vous parlent et vous avez le sentiment que ce n'est pas la peine de chercher à raconter ce que vous ressentez, parce qu'ils ne seraient jamais capables de comprendre ce que vous cherchez à exprimer. Jamais capables d'appréhender ce que vous percevez au point où vous le ressentez. Jamais capables de comprendre votre degré d'exigence. Ils vous prendraient au mieux pour un(e) idéaliste, au pire pour un fou ou une folle, pour quelqu'un qui est en marge, et qui s'y met volontairement." (p116)”

Cécile Bost
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“Ensuite, la peur se tourne vers votre corps, qui sent déjà que quelque chose de terrible et de mauvais est entrain de survenir. Déjà, votre souffle s'est envolé comme un oiseau et votre cran a fui en rampant comme un serpent. Maintenant, vous avez la langue qui s'affale comme un opossum, tandis que votre mâchoire commence à galoper sur place. Vos oreilles n'entendent plus. Vos muscles se mettent à trembler comme si vous aviez la malaria et vos genoux à frémir comme si vous dansiez. Votre coeur pompe follement, tandis que votre sphincter se relâche. Il en va ainsi de tout le reste de votre corps. Chaque partie de vous, à sa manière, perd ses moyens. Il n'y a que vos yeux à bien fonctionner. Ils prêtent toujours pleine attention à la peur.Vous prenez rapidement des décisions irréfléchies. Vous abandonnez vos derniers alliés: l'espoir et la confiance. Voilà que vous vous êtes défait vous-même. La peur, qui n'est qu'une impression, a triomphé de vous.Cette expérience est difficile à exprimer. Car la peur, la véritable peur, celle qui vous ébranle jusqu'au plus profond de vous, celle que vous ressentez au moment où vous êtes face à votre destin final, se blottit insidieusement dans votre mémoire, comme une gangrène: elle cherche à tout pourrir, même les mots pour parler d'elle. Vous devez donc vous battre très fort pour l'appeler par son nom. Il faut que vous luttiez durement pour braquer la lumière des mots sur elle. Car si vous ne le faites pas, si la peur devient une noirceur indicible que vous évitez, que vous parvenez peut-être même à oublier, vous vous exposez à d'autres attaques de peur parce que vous n'aurez jamais vraiment bataillé contre l'ennemi qui vous a défait.”

Yann Martel
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“Ils voulaient nous dire à nous les femmes tutsi: 'Ne donnez plus la vie car c'est la mort que vous donnez en mettant en monde. Vous n'êtes plus porteuses de vie, mais porteuses de mort.”

Scholastique Mukasonga
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