“Il y a bien des façons d'être condamné à mort. Ah combien n'aurais-je pas donné à ce moment-là pour être en prison au lieu d'être ici moi crétin Pour avoir par exemple quand c'était si facile prévoyant volé quelque chose quelque part quand il en était temps encore. On ne pense à rien”
“Je fus encore une fois surprise par la vue de mon visage dans la glace: il n'avait rien à voir avec mes décombres. Ce n'était pas un visage de vaincu. Marqué par la fatigue, mais au fond des yeux il restait encore quelque chose. Je ne dis pas : quelque chose d'invincible. Et pourtant, peut-être y a-t-il invincibilité. Les hommes oublient toujours que ce qu'ils vivent n'est pas mortel.”
“Ce chaton en peluche, par exemple, accroché à la clef des toilettes : voilà un objet qui ne joue assurément qu'un rôle mineur dans l'histoire de l'humanité... mais, puisque la propriétaire de ce café l'a jugé digne d'être préposé à cet emploi, il doit signifier quelque chose pour elle. L'a-t-elle acheté elle-même? reçu en cadeau? Lui a-t-il fait pensé à un chat qu'elle a aimé, enfant, et qui est mort écrasé par une voiture ou massacré par un chien?”
“Tout est encore possible et le monde médical est tout neuf. Ca ne va pas durer. Ils le savent bien. Ils sont là au bon moment pour avoir leur nom en latin accolé à celui d'un bacille.”
“Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tête des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'être un menteur ; ces mensonges-là, si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-là, je ne dissimule rien, avec ces mensonges-là je dis en fait la vérité. Mais il y a des choses à propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais à fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-là. Mentir là-dessus, ce serait m'abaisser moi-même, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.”
“Puisque c'est ainsi. Puisque le temps sépare ceux qui s'aiment et que rien ne dure. Ce que nous vivions là, et nous en étions conscients tous les quatre, c'était un peu de rab. Un sursis, une parenthèse, un moment de grâce. Quelques heures volées aux autres... Pendant combien de temps aurions-nous l'énergie de nous arracher ainsi du quotidien pour faire le mur? Combien de permissions la vie nous accorderait-elle encore? Combien de pieds de nez? Combien de petites grattes? Quand allions-nous nous perdre et comment les liens se distendraient-ils? Encore combien d'années avant d'être vieux?”