“La situation est "presque normale", "almost normal" comme ils disent - car ils ont leurs réseaux et l'assènent dans toutes les langues. Mais non. Qu'on ne présente pas cette situation comme "normale" ou à peu près normale : ce n'est pas parce qu'on s'y habitue qu'elle est normale. Il n'est pas normal de se promener avec une pastille d'iode dans la poche. Il n'est pas normal de se demander si on prend un risque en mangeant un légume vert. Il n'est pas normal que la pluie soudain devienne notre ennemie. Or, c'est exactement ce qu'ils veulent nous faire croire maintenant, avec leurs arguments doucereux comme des suppositoires. (p. 277)”

Michaël Ferrier
Time Neutral

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“La vie, désormais : la gestion des déchets. Que faire de la terre et des boues contaminées, des feuilles ?Pour les déchets, on brûle comme on peut, on enterre à la sauvette. Quand on brûle, les incinérateurs rejettent dans l'air des poussières radioactives qui se reposent ailleurs, toujours un peu plus loin. On décontamine un lieu en en contaminant un autre : c'est un cercle vicieux. Ou alors, on nettoie à mains nues ou avec des gants et des masques, dans de grandes opérations citoyennes aussi spectaculaires qu'absurdes. Ce faisant, on ne fait qu'appliquer un des principes de base du nucléaire, où le problème des déchets n'est jamais résolu, il est remis à plus tard, infiniment et indéfiniment remis à plus tard. (p. 272)”


“Je ne sais pas ce qu'aurait pensé Zhang Heng de la catastrophe de Fukushima, de ce tremblement de terre si puissant qu'il a accéléré la vitesse de rotation de la Terre et raccourci la durée du jour. Sans doute aurait-il eu une pensée pour les milliers de disparus emportés par la boue et se serait-il penché avec toute sa puissance d'analyse, sans faire allégeance à qui que ce soit, sur le mystère menaçant des radiations. J'imagine qu'il aurait eu bien des choses à nous dire - ou à nous rappeler - sur la souveraineté de la nature, la puissance et la terreur de la technique, les ravages de notre habitat, l'asburdité de nos modes de production ou notre frénésie de consommation - famine organisée d'un côté, et de l'autre gaspillage insensé. (p. 16)”


“Ces dernières siècles, les Européens, ils sont allés un peu partout, ils ont fondé des commerces un peu partout, ils ont volé un peu partout, ils ont creusé un peu partout, ils ont construit un peu partout, ils se sont reproduits un peu partout, ils ont colonisé un peu partout, et maintenant, ils s'offusqueraient qu'on vienne chez eux ? Mais je n'en crois pas mes oreilles ! Leur territoire, les Européens, ils sont venus l'agrandir chez nous sans vergogne, non ? Ce sont eux qui ont commencé à déplacer les frontières. Maintenant, c'est notre tour à nous, va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on va tous venir chez eux, les Africains, les Arabes, les Latinos, les Asiatiques. Moi, à la différence d'eux, je ne traverse pas la frontière avec des armes, des soldats ou la noble mission de changer leur langue, leurs lois, leur religion.”


“Le désir de dire, le souci impérieux de porter témoignage, se trouve immédiatement confronté à toute une série de réticences et de résistances, née de la disproportion entre ce que ces gens ont vécu et le récit qu'il est possible - ou impossible - d'en faire. À peine commence-t-on à raconter qu'on suffoque : nous avons affaire à l'une de ces réalités qui font dire qu'elles dépassent l'entendement ou l'imagination. Je songe à Robert Antelme, au tout début de L'espèce humaine, quand il évoque le sentiment de l'insuffisance ou de l'inutilité du langage pour ces hommes qui ont vu "ce que les hommes ne doivent pas voir". (p. 166)”


“Celui qui éprouve de l'aversion pour les danseurs et veut les dénigrer se heurtera toujours à un obstacle infranchissable : leur honnêteté ; car en s'exposant constamment au public, le danseur se condamne à être irréprochable ; il n'a pas conclu comme Faust un contrat avec le Diable, il l'a conclu avec l'Ange : il veut faire de sa vie une oeuvre d'art et c'est dans ce travail que l'Ange l'aide ; car, n'oublie pas, la danse est un art ! C'est dans cette obsession de voir en sa propre vie la matière d'une oeuvre d'art que se trouve la vraie essence du danseur ; il ne prêche pas la morale, il la danse ! Il veut émouvoir et éblouir le monde par la beauté de sa vie ! il est amoureux de sa vie comme un sculpteur peut être amoureux de la statue qu'il est en train de modeler." (chapitre 6)”


“Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.«Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n'est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien? Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs? Ce n'est pas sérieux et plus important que les additions d'un gros Monsieur rouge? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il fait, ce n'est pas important ça?»Il rougit, puis reprit:«Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions d'étoiles, ça suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit: "Ma fleur est là quelque part..." Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s'éteignaient! Et ce n'est pas important ça!»”