“C’est un plaisir que de supputer, subodorer, côtoyer le mystère qui se tramait dans les quartiers, villages et ruelles de Montréal, et de se demander comment tout ça allait finir. J’avais confiance. J’avais confiance en l’humanité entière qui arrivait à Montréal, en l’humanité qui unissait Montréal aux autres villes du monde, celles qui fascinent par leur site, comme Istanbul, celles qui fascinent par leur prestige, comme Paris, par leur taille, comme New York, par leur élan, comme Shanghai, par leur lourdeur, comme Moscou. Montréal fascine par son mystère, rien de plus, mais rien de moins, me disais-je.”
“Des êtres humains qui travaillaienttoute leur vie, et qui travaillaient dur, uniquement par dévouement et par amour; qui donnaient littéralementleur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour; qui n'avaient cependant nullement l'impressionde se sacrifier; qui n'envisageaient en réalité d'autre manière de vivre que de donner leur vie aux autres dansun esprit de dévouement et d'amour. En pratique, ces êtres humains étaient généralement des femmes.”
“Je pense à elles comme à des oiseaux de cristal éclos dans un ciel obscurci par les fétides exhalaisons de nos corps. Je pense à elles comme à des comètes qui sillonnent la nuit de nos hontes et projettent une lumière incandescente sur nos remords. Je leur élèverai un monument de papier qui signalera à la postérité l'existence de ces trois déesses. Je serai leur scribe, leur porte-étendard, le serviteur de leur parole, le traducteur de leurs silences.”
“Un examen un tant soit peu exhaustif de l'humanité doit nécessairement prendre en compte ce type de phénomènes. De tels êtres humains, historiquement, ont existé.Des êtres humains qui travaillaient toute leur vie, et qui travaillaient dur, uniquement par dévouement et par amour; qui donnaient littéralement leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour; qui n'avaient cependant nullement l'impression de se sacrifier; qui n'envisageaient en réalité d'autre manière de vivre que de donner leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour.En pratique, ces êtres humains étaient généralement des femmes.”
“Très bien, on verra tout ça ce soir, se dit-il, convaincu d'être un égoïste, mais averti par l'usage que les gens qui vous quittent vraiment ne prennent jamais la peine de vous en avertir par une lettre de six pages. Ceux-là s'éclipsent sans parler, et c'est comme ça qu'avait fait la petite chérie. Et ceux qui déambulent en laissant dépasser la crosse d'un pistolet hors de leur poche ne se tuent jamais [...]”
“Dans ce silence de la mort, toute ma vie se déroula comme une chose inévitable, terrible par sa sévère logique. Je ne voyais pas de faits distincts, mais une ligne droite qui allait du jour de ma naissance au soir d’aujourd’hui. Elle ne pouvait aller plus loin : c’était clair. Mais j’ai déjà dit que, deux mois avant, j’avais senti l’approche de la mort, et tous les hommes la sentent de même. Le pressentiment a son rôle dans la vie de chacun de nous, et il ne déçoit pas. Le poète parle avec une admirable justesse quand il dit : « Les événements futurs jettent une ombre devant eux. » Si les hommes se plaignent quelquefois d’avoir été trompés par le pressentiment, c’est parce que leurs sensations leur restent obscures : toujours ils désirent ou appréhendent, et ils prennent leur peur ou leur espoir pour le pressentiment.”