“Il avait réussi à atteindre la part de moi qui restait attachée à lui. Je n,ai pas deviné, imaginé qu'il allait insister, revenir, jusqu'à ce que je lui donne la preuve hors de tout doute, que cette part était morte. Jusqu'à ce que, forcément, j'aies réussi à la tuer en moi-même.”
“Au lieu de t'acheter un objet que tu aimerais posséder, je te donne un objet qui m'appartiens, vraiment à moi, un cadeau. C'est un témoignage de respect envers celui qui se tient face à moi. une façon de lui faire comprendre combien il importe d'être près de lui. Il possède maintenant une petite part de moi-même, que je lui ai librement et spontanément remise.”
“La phrase : "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger" me semble être, sinon le dernier mot de la sagesse, en tout cas l'un des plus profonds, et ce que j'aime chez Etienne, c'est qu'il le prend à la lettre, c'est même ce qui selon moi lui donne le droit d'être juge. De ce qui le fait humain, pauvre, faillible, magnifique, il ne veut rien retrancher, et c'est aussi pourquoi dans le récit de sa vie je ne veux, moi, rien couper.”
“Toute la scène avait quelque chose d’imaginaire. J’étais conscient qu’elle était réelle, mais en même temps c’était mieux que la réalité, plus proche d’une projection de ce que j’attendais de la réalité que tout ce qui m’étais arrivé auparavant.Avec le temps, je commençai à remarquer que les bonnes choses m’arrivaient que lorsque j’avais renoncé à les espérer.”
“Il réfléchit qu'il était déjà mort. Il lui apparut que c'était seulement lorsqu'il avait commencé à être capable de formuler ses idées qu'il avait fait le pas décisif. Les conséquences d'un acte sont incluses dans l'acte lui-même. Il écrivit : "Le crime de penser n'entraîne pas la mort. Le crime de penser est la mort.”
“Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.”