“Dans ma patrie, on emprisonne les mineurset le soldat commande au juge.Mais j'aime, moi, jusqu'aux racinesde mon petit pays si froid.Si je devais mourir cent fois,c'est là que je voudrais mouriret si je devais naître cent foisc'est là aussi que je veux naître.”
“J’avais un vide au ventre, comme si tu n’étais déjà plus là, comme si je devais nager avec toi - fantôme - dans l’élément de mon rêve.”
“Ce n'est pas la première fois que je veux tuer des mouches avec un canon. C'est la cent millième fois. Cela m'arrive tous les jours et tout le jour. Je prévois toujours le pire et je me démène toujours comme si c'était le pire. Eh ! Prends donc l'habitude de considérer que les choses ordinaires arrivent aussi.”
“Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tête des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'être un menteur ; ces mensonges-là, si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-là, je ne dissimule rien, avec ces mensonges-là je dis en fait la vérité. Mais il y a des choses à propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais à fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-là. Mentir là-dessus, ce serait m'abaisser moi-même, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.”
“Ici, je me cache quand je veux. Je puis me cacher des jours et des jours, sans qu’on sache si j’existe ou non, et, sans que je le sache bien moi-même. Je m’enferme là-haut. Je lis, je dors, je rêve. Je ne bouge plus.”
“Je me demande souvent ce que je serais devenu si ma vie ne s'était pas meublée de toutes ces petites choses auxquelles je me suis attaché et de toutes celles que j'ai négligées. Je me demande souvent qui mène la danse. Si c'est ma vie qui fait de moi ce que je suis ou si c'est moi qui fait de ma vie ce qu'elle est. (p.12)”