“Sagesse (I,X)Non. Il fut gallican, ce siècle, et janséniste !C'est vers le Moyen Age énorme et délicatQu'il faudrait que mon cœur en panne naviguât,Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste.Roi, politicien, moine, artisan, chimiste,Architecte, soldat, médecin, avocat,Quel temps ! Oui, que mon cœur naufragé rembarquâtPour toute cette force ardente, souple, artiste !Et là que j'eusse part - quelconque, chez les roisOu bien ailleurs, n'importe, - à la chose vitale,Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits,Haute théologie et solide morale,Guidé par la folie unique de la CroixSur tes ailes de pierre, ô folle Cathédrale !”
“Ariette IIIIl pleure dans mon coeurComme il pleut sur la ville ;Quelle est cette langueurQui pénètre mon coeur ?Ô bruit doux de la pluiePar terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie,Ô le chant de la pluie !Il pleure sans raisonDans ce coeur qui s'écoeure.Quoi ! nulle trahison ?Ce deuil est sans raison.C'est bien la pire peineDe ne savoir pourquoiSans amour et sans haineMon coeur a tant de peine !”
“La Courbe de tes yeuxLa courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,Un rond de danse et de douceur,Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécuC'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.Feuilles de jour et mousse de rosée,Roseaux du vent, sourires parfumés,Ailes couvrant le monde de lumière,Bateaux chargés du ciel et de la mer,Chasseurs des bruits et sources des couleurs,Parfums éclos d'une couvée d'auroresQui gît toujours sur la paille des astres,Comme le jour dépend de l'innocenceLe monde entier dépend de tes yeux pursEt tout mon sang coule dans leurs regards.”
“Chanson d’automneLes sanglots longsDes violons De l’automneBlessent mon coeur D’une langueur Monotone.Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure,Je me souviens Des jours anciens Et je pleure ;Et je m’en vaisAu vent mauvais Qui m’emporteDeçà, delà,Pareil à la Feuille morte.”
“Si seulement je pouvais m'arrêter de penser, ça irait déjà mieux. Les pensées, c'est ce qu'il y a de plus fade. Plus fade encore que de la chair. Ça s'étire à n'en plus finir et ça laisse un drôle de goût. Et puis il y a les mots, au-dedans des pensées, les mots inachevés, les ébauches de phrases qui reviennent tout le temps.”
“Vous êtes tout les deux les personnes que j'ai le plus aimées au monde et j'ai fait de mon mieux possible, croyez-le.Serrez bien contre vous vos beaux enfants.LucilePS : [...] Je sais bien que ça va vous faire de la peine mais c'est inéluctable à plus ou moins de temps et je préfère mourir vivante.”
“Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorguiellir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Âmes de ceux que j’ai aimés, âmes de ceux que j’ai chantés, fortifiez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptices du monde; et vous, Seigneur mon Dieu! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise.”