“Voilà bientôt deux siècles que nous vivons avec la conception de l'artiste - qu'il soit sculpteur, poète, écrivain, peintre, compositeur (ou interprète) - en tant que héros romantique et isolé, marginal et souvent paria, un chaman sans portefeuille, un individu doté d'un souffle impressionnant, réel ou truqué, qui lui permet de gonfler son ego jusqu'aux dimensions d'un dirigeable afin de se prémunir contre les coups, réels ou imaginaires, que lui assènent ses concitoyens. Ce n'est pas le genre de personne prompte à reconnaître que nous sommes tous "comme des moutons sortis du droit chemin". Souvent doté d'un aplomb évident, il se croit unique, mais c'est en définitive le cas de tout le monde, à des degrés divers.”