“Car notre passé, qu'est-il d'autre qu'une suite de rêves ? Quelle différence y a-t-il entre se rappeler les rêves et se rappeler le passé ? Et c'est la fonction que remplit le livre.”

Pierre Péju

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“J'ai toujours pris un plaisir extrême à penser, sans trop me soucier du tracé de la frontière entre l'imagination et la certitude. L'intérieur de ma tête comme un bordel dont je serai l'unique client d'un soir, l'habitué occasionnel. Pas si seul, car les pensées pensionnaires viennent au-devant de mes désirs : les nobles, cendrées et hautaines, les belles, toutes nues mais poudrées, les ingénues, les petites, les perverses, les noires, les folles, les honteuses. Et les vulgaires, et les très vulgaires, champagne, échancrure et langues qui s'agitent. "Mes pensées ce sont mes catins", comme c'est exact. Luxure mentale. Dehors, le froid. Et les autres, tous les autres, se tiennent dans ce froid. Proches et lointains. Et je les regarde, jumelles, fenêtres sur cou. Nous communiquons par interphones et répondeurs.”


“Après le choc des mauvaises nouvelles, on est tenté de revenir à la flaque des habitudes. Il existe forcément un petit coin du monde où l'on s'est vaguement installé, où l'on a pris des responsabilités dérisoires. Nom de pays ou de quartier. Nom de rue. Nom de ville ou de village. Métier, fonctions et fonctionnements. Odeurs familières, clapotis des paroles maintes fois répétées, tiédeur exacte des corps, gestes connus par cœur jusqu'à l'écœurement. Le bonheur et l'angoisse assis dans le même fauteuil. La vie dans les délaissés. La vie sur sa seule pente et épousant ses plis.”


“On voudrait qu'un trait d'union existe, aussi infime soit-il, entre avant et après.”


“La frénésie qu'est devenu le travail agricole est comme le signe d'une discordance grave avec les rythmes de l'univers. Les tracteurs vont et viennent. Ils exigent des terres aussi planes et vastes que possible. Ils répandent des poisons violents afin, paraît-il, que les hommes puissent manger. Quelques-uns ont en effet mangé, puis ont trop mangé, et leur vie est devenue une seule et unique préoccupation lancinante et triste : comment digérer ? (p.217)”


“Où sont cachés les stigmates du pire quand la vie courante nous contraint chaque jour à renaître à la banalité écoeurante et splendide ?”


“Mais la connaissance du passé rendu vivant et présent, où la trouve-t-on ? Eh bien, avant tout, dans la littérature ! Et là est à mes yeux la merveille. On la trouve dans les textes français et étrangers, modernes et anciens. Aussi cela me paraît-il une erreur très grave que de représenter l’enseignement de la littérature comme une espèce d’élégance superflue et gratuite. En fait, c’est grâce à la littérature que se forme presque toute notre idée de la vie ; le détour par les textes conduit directement à la formation de l’homme. Ils nous apportent les analyses et les idées, mais aussi les images, les personnages, les mythes, et les rêves qui se sont succédé dans l’esprit des hommes ; ils nous ont un jour émus parce qu’ils étaient exprimés ou décrits avec force ; et c’est de cette expérience que se nourrit la nôtre.”