“La misère est ici une matière, me dit Gérard. Je suis étonné de l'accepter comme tout le monde. Avant de m'y intégrer complètement, le ressentiment contre les spoliateurs m'étouffait. Je ne rêvais plus que d'explosifs et de sabotages au risque d'en périr, avec même l'espoir d'en périr. Mais lorsque je rejoignais les miens, tout cela se dissipait. Je ne suis pas dupe de moi-même : fils d'officier supérieur, bien pouvur en diplômes, mon choix est un artifice, un luxe inverse. Quelqu'un m'a dit que les nantis peuvent en plus s'offrir de la bonne conscience comme on s'offre un vêtement de soie ou une pierre précieuse. Il n'a pas tout à fait tort. Je ne sais qu'une chose avec clarté : je n'accepte pas le monde tel qu'il est. J'ai en moi, de ce fait, une insurrection permanente avec laquelle je dois composer. Dans mon labyrinthe, trois issues : la première, faire ce pour quoi j'ai été programmé : bon salaire, petite famille, l'ordre !?... Deuxième issue : la révolte ouverte dont je sens les prémices en sourde germination. J'apparaîtrai alors comme porteur d'idées rouges et il n'y a pas de pire répression que celle qui vous catalogue, elle vous enferme dans votre casier et c'est de nouveau l'ordre. Troisième issue : la sublimation, on est secourable. Dans le naufrage général, on prête un coin de son épave à d'autres pour une idée censée transcender, cela est aussi une cohérence, j'y trouve mon compte, faute de mieux. Je viens aux hommes dont je m'occupe pour être aidé. C'est du troc, voilà tout.”

Pierre Rabhi

Pierre Rabhi - “La misère est ici une matière, me dit...” 1

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“Je suis disponible à toute heure, tous les jours et pour toutes les tâches, et il me semble utile de le répéter plusieurs fois d'un ton déterminé. Ma seule contrainte est mon travail sur le ferry. Je pourrais y renoncer si ce contrat se révélait plus intéressant, mais il me faudrait davantage de détails. La directrice est affligée par mon comportement. Elle me le dit. "Pour moi aussi, c'est difficile. Vous ne vous en rendez même pas compte, tout occupée que vous êtes par votre petit nombril. Je me demande souvent ce que les femmes comme vous ont dans la tête. Qu'est-ce que vous voulez, au fond ? On dit qu'il y a du chômage, mais regardez : je ne trouve personne. Je ne vous retiens pas, chère madame.”

Florence Aubenas
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“«Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais malgré toute cette chance et toute cette richesse, depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons; la vacuité et l’ineptie de l’existence. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. Même si on compare avec les adultes, je suis beaucoup plus maligne que la plupart d’entre eux. C’est comme ça. Je n’en suis pas spécialement fière parce que je n’y suis pour rien. Mais ce qui est certain, c’est que dans le bocal, je n’irais pas. C’est une décision bien réfléchie. Même pour une personne aussi intelligente que moi, aussi douée pour les études, aussi différente des autres et aussi supérieure à la plupart, la vie est déjà toute tracée et c’est triste à pleurer : personne ne semble avoir songé au fait que si l’existence est absurde, y réussir brillamment n’a pas plus de valeur qu’y échouer. C’est seulement plus confortable. Et encore : je crois que la lucidité rend le succès amer alors que la médiocrité espère toujours quelque chose.»”

Muriel Barbery
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“Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai compris qu'en toutes circonstances,J’étais à la bonne place, au bon moment.Et alors, j'ai pu me relaxer.Aujourd'hui je sais que cela s'appelle...l'Estime de soi.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelleN’étaient rien d'autre qu'un signalLorsque je vais à l'encontre de mes convictions.Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J'ai cessé de vouloir une vie différenteEt j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arriveContribue à ma croissance personnelle.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai commencé à percevoir l'abusDans le fait de forcer une situation ou une personne,Dans le seul but d'obtenir ce que je veux,Sachant très bien que ni la personne ni moi-mêmeNe sommes prêts et que ce n'est pas le moment...Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai commencé à me libérer de tout ce qui n'était pas salutaire, personnes,situations, tout ce qui baissait mon énergie.Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé d'avoir peur du temps libreEt j'ai arrêté de faire de grands plans,J’ai abandonné les méga-projets du futur.Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aimeQuand cela me plait et à mon rythme.Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé de chercher à avoir toujours raison,Et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.Aujourd'hui, j'ai découvert ... l'Humilité.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai cessé de revivre le passéEt de me préoccuper de l'avenir.Aujourd'hui, je vis au présent,Là où toute la vie se passe.Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.Et cela s'appelle... la Plénitude.Le jour où je me suis aimé pour de vrai,J’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.Mais si je la mets au service de mon coeur,Elle devient une alliée très précieuse !Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.Du chaos naissent les étoiles.”

Charlie Chaplin
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“Je disais que le monde est absurde et j'allais trop vite. ce monde en lui-même n'est pas raisonnable, c'est tout ce qu'on en peut dire. Mais ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme. L'absurde dépend autant de l'homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l'un à l'autre comme la haine seule peut river les êtres. C'est tout ce que je puis discerner clairement dans cet univers sans mesure où mon aventure se poursuit.”

Albert Camus
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“Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tête des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'être un menteur ; ces mensonges-là, si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-là, je ne dissimule rien, avec ces mensonges-là je dis en fait la vérité. Mais il y a des choses à propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais à fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-là. Mentir là-dessus, ce serait m'abaisser moi-même, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.”

Milan Kundera
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