“Je puis me persuader d'avoir été fait tel par la nature que je puisse aisément me tromper même dans les choses que je crois comprendre avec le plus d'évidence et de certitude.”

René Descartes

René Descartes - “Je puis me persuader d'avoir été fait...” 1

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“Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, tant que l'expérience que j'ai du monde me permet de savoir ce que je peux craindre ou désirer, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque le monde des hommes me contraint à observer ses lois, lorsque mon désir brise son front contre le monde des interdits, lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnées dans les fers implacables des préjugés et des cultures, alors je frissonne, je gémis et je pleure. Espace, je t'ai perdu et je rentre en moi-même. Je m'enferme au faite de mon clocher où, la tête dans les nuages, je fabrique l'art, la science et la folie.”

Henri Laborit
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“«Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais malgré toute cette chance et toute cette richesse, depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons; la vacuité et l’ineptie de l’existence. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. Même si on compare avec les adultes, je suis beaucoup plus maligne que la plupart d’entre eux. C’est comme ça. Je n’en suis pas spécialement fière parce que je n’y suis pour rien. Mais ce qui est certain, c’est que dans le bocal, je n’irais pas. C’est une décision bien réfléchie. Même pour une personne aussi intelligente que moi, aussi douée pour les études, aussi différente des autres et aussi supérieure à la plupart, la vie est déjà toute tracée et c’est triste à pleurer : personne ne semble avoir songé au fait que si l’existence est absurde, y réussir brillamment n’a pas plus de valeur qu’y échouer. C’est seulement plus confortable. Et encore : je crois que la lucidité rend le succès amer alors que la médiocrité espère toujours quelque chose.»”

Muriel Barbery
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“Chaque fois que je vais dans un super-market, ce qui du reste m'arrive rarement, je me crois en Russie. C'est la même nourriture imposée d'en haut, pareille où qu'on aille, imposée par des trusts au lieu de l'être par des organismes d’État. Les États-Unis, en un sens, sont aussi totalitaires que l'URSS, et dans l'un comme dans l'autre pays, et comme partout d'ailleurs, le progrès (c'est-à-dire l'accroissement de l'immédiat bien-être humain) ou même le maintien du présent état de choses dépend de structures de plus en plus complexes et de plus en plus fragiles. Comme l'humanisme un peu béat du bourgeois de 1900, le progrès à jet continu est un rêve d'hier. Il faut réapprendre à aimer la condition humaine telle qu'elle est, accepter ses limitations et ses dangers, se remettre de plain-pied avec les choses, renoncer à nos dogmes de partis, de pays, de classes, de religions, tous intransigeants et donc tous mortels. Quand je pétris la pâte, je pense aux gens qui ont fait pousser le blé, je pense aux profiteurs qui en font monter artificiellement le prix, aux technocrates qui en ont ruiné la qualité - non que les techniques récentes soient nécessairement un mal, mais parce qu'elles se sont mises au service de l'avidité qui en est un, et parce que la plupart ne peuvent s'exercer qu'à l'aide de grandes concentrations de forces, toujours pleines de potentiels périls. Je pense aux gens qui n'ont pas de pain, et à ceux qui en ont trop, je pense à la terre et au soleil qui font pousser les plantes. Je me sens à la fois idéaliste et matérialiste. Le prétendu idéaliste ne voit pas le pain, ni le prix du pain, et le matérialiste, par un curieux paradoxe, ignore ce que signifie cette chose immense et divine que nous appelons "la matière". (p. 242)”

Marguerite Yourcenar
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“Parce qu'il faut bien le dire, le sexe dans ses bras est un immense et luxuriant espace de jeu où rien, mais absolument rien, n'est interdit. J'ai l'impression de gambader toute nue au milieu d'herbes hautes infiniment plus douces que le plus doux des gazons, sous un ciel parfait, et Monsieur me pousse pour que j'atteigne des sommets inédits sur une balançoire née des pinceaux de Fragonard – et bien sûr je ne vais pas dire que je suis tout à fait tranquille en voyant le sol s'éloigner de plus en plus, mais l'ivresse est si grisante, mon Dieu, l'abandon si poignant que je ferme les yeux avec une envie insoutenable de pleurer de plaisir, mise au supplice par ce besoin que j'ai d'exprimer à quel point ce que je ressens est merveilleux, incapable de trouver ne serait-ce que des lettres pour illustrer ce sentiment; puis lorsque je suis à moitié folle d'excitation Monsieur m'entraîne à me plonger dans des marais sombres exhalant de suaves et scandaleuses vapeurs de soufre, dont l'eau est d'une chaleur obscène, et dans lesquels je me perds, orteil après orteil. Autour de nous le paysage est devenu plus inquiétant, je sais que je suis sur un territoire que Monsieur connaît par cœur, et qu'il va lui falloir me porter dans ces petits chemins de traverse que je ne soupçonnais qu'à peine. Lentement, inéluctablement je glisse dans les ornières les moins débroussaillées, et certes ma petite balançoire fleurie est loin, mais qu'il fait chaud et moite sous les ramures de ces arbres morts, plus près de l'enfer que je l'ai jamais été !...”

Emma Becker
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“Quant à moi, maintenant, j'ai fermé mon âme. Je ne dis plus à personne ce que je crois, ce que je pense et ce que j'aime. Me sachant condamné à l'horrible solitude, je regarde les choses, sans jamais émettre mon avis. Que m'importent les opinions, les querelles, les plaisirs, les croyances ! Ne pouvant rien partager avec personne, je me suis désintéressé de tout. Ma pensée, invisible, demeure inexplorée. J'ai des phrases banales pour répondre aux interrogations de chaque jour, et un sourire qui dit "oui", quand je ne veux même pas prendre la peine de parler.”

Guy de Maupassant
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