“Car, si je considérais l'homme surtout en termes psychologiques, Smith l'évaluait en termes sociaux et Terron en termes mythiques. Ce qui provoquait en moi une quête irritée de certitude, une insécurité qui me mettait nettement mal à l'aise.”

Russell Banks

Explore This Quote Further

Quote by Russell Banks: “Car, si je considérais l'homme surtout en termes… - Image 1

Similar quotes

“Bien que Terron fût un homme qu'apparemment je ne pouvais appeler autrement qu'un fanatique religieux ; bien qu'il menât sa vie d'une manière qui m'était encore plus étrangère que celle de M. Mann ; et bien que souvent je fusse arrivé à conclure, presque contre ma volonté, qu'il n'était qu'un arnaqueur rusé de campagne en train d'exploiter mon curieux mélange de culpabilité (le raciste américain en moi) et d'amour pour l'ésotérique (l'intellectuel branché en moi), il semblait malgré tout capable de me prévoir, de connaître bien plus précisément que le vieil homme mes besoins, mes questions et mes inquiétudes. De fait, c'était cette capacité d'anticiper sur moi et le bien-être qu'elle me procurait qui me ramenaient sans cesse à croire qu'il était en train de me rouler. En tant que vieux puritain, je me devais de me méfier de tout ce qui m'apportait du bien-être. (p. 201)”


“Il y a en moi une exaltation et une passion qui ont besoin du recours à Dieu, même si je ne crois pas en Dieu.”


“Accordons-lui une plus grande capacité à comprendre et à parler le patois jamaïquain, une tolérance accrue pour la flamme vive du rhum blanc, et davantage de respect pour les difficultés qu'on rencontre lorsqu'on veut comprendre quelqu'un d'une autre culture, d'une autre race, d'une autre géographie, d'une autre économie et d'une autre langue - et cela même alors que je me familiarisais tous les jours davantage avec les subtilités de cette culture, de cette race, de cette géographie, de cette économie et de cette langue. J'ai appris le nom des arbres, des fleurs et des aliments qui m'entouraient ; j'ai appris à jouer aux dominos avec autant de férocité qu'un Jamaïquain, et j'ai même appris à parler assez bien avec des Jamaïquaines pour qu'elles puissent oublier pendant de longs moments l'extraordinaire avantage financier que je représentais pour elles, et qu'il leur arrive brièvement d'arrêter de me raconter uniquement ce qu'elles croyaient que je voulais entendre. Ce qui ne veut pas dire que je comprenais alors ce qu'elles me disaient. (p.47)”


“C'est comme une furie en moi, une perversion qui me pousse à désirer ce que je méprise le plus au monde.”


“La différence, évidemment, était qu'ils avaient appris plusieurs siècles auparavant quelque chose que moi, descendant d'un peuple incomparablement plus favorisé, je n'avais jamais été obligé d'acquérir. Ils avaient appris à survivre. La survie était pour moi un fait qui m'était accordé d'avance, et il était donc plus que vraisemblable que dans des circonstances analogues je serais incapable de survivre. Je deviendrais le vieux bougon, l'homme amer qui marche les yeux rivés au sol, le pessimiste qui prophétise partout le désastre et l'échec qu'il appelle de ses voeux ; je serais le suicidaire qui veut entraîner les autres dans sa chute. Il n'y avait pas de place, dans ma culture, pour le genre d'optimisme qui les protégeait dans leur monde, et il ne semblait pas y avoir de place, dans leur culture, pour le genre de rigueur, de complétude et de recherche de symétrie dont je pensais qu'elles me préservaient au sein du mien. (p.223)”


“A un moment j’ai même laissé échapper un son qui s’est prolongé malgré moi en prenant de plus en plus de force, un son qui avait attendu ce jour précis pour partir du fond de mes années de ténèbres à mal aimer des hommes qui m’ont mal aimée en retour et recouvrir ta poitrine comme une brûlure ; c’était d’abord un son rauque et traînant, une plainte animale qui n’avait rien du sanglot et qui en un véritable appel à la mort. A ce moment tout s’est arrêté, je me suis soudain rappelé cette même scène vécu avec toi alors qu’on venait de se rencontrer ; ce hurlement avait déjà eu lieu et sa répétition implacable m’a fait taire une fois pour toute. A ce moment aussi tu t’es écarté de moi, sans doute pour la même raison, tu t’es levé dans une brusquerie qui a délogé Oréo de la chaise de ton bureau. Ne voulant pas te regarder dans les yeux, j’ai regardé tes pieds. Mon hurlement avait tracé une ligne infranchissable entre nous, en hurlant je venais de sonner le glas de notre histoire. Tu as dit des paroles que tu avais déjà prononcées en d’autres circonstances et je suis partie, je savais que plus jamais on ne se reparlerait.”