“Qui n’a pas ressenti ce frémissement de l’être provoqué par un désir demeuré secret ? Le fait de rêver à l’amour d’un autre rend parfois si heureux que la vie semble soudainement réjouissante et charmante. Le désir est merveilleux car il est une chance d’évolution de l’être. Les poètes s’enivrent de ces « moments sans suite », qui peuvent être reconvertis en d’autres matières, qui n’ont pas besoin de concrétisation matérielle pour amener à l’exaltation érotique et fournir une inspiration créatrice.”

Serge Chaumier
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“Le fait de ne pas prolonger l’expérience amoureuse n’est pas un critère de validité en soi. Dans la rencontre attentionnée avec l’autre, l’individu est électrisé. Dans la rencontre de deux corps s’exalte une sensation de vie intense. Aussi la passion n’est-elle pas toujours liée à la suite de l’événement : il est fréquent de rencontrer sensuellement quelqu’un sans vivre ensuite avec lui. Il faut disjoindre la grâce de la rencontre, qui est éblouissement réciproque, des suites d’une relation. Deux êtres peuvent s’estimer trop différents, trop éloignés, pour décider de former une relation durable, malgré un échange merveilleux. Les partenaires savent que, « sans lendemain », cet échange se suffit à lui-même, qu’il procure une énergie fabuleuse. C’est néanmoins un moment magique. « Une volupté vraie est aussi difficile à réussir qu’un mariage d’amour », estime Vladimir Jankélévitch (1949). Il ne s’agit pas de ce que l’on appelle communément l’état amoureux, aussi cette forme de relation est toujours niée, vulgarisée, ramenée à un échange libertin, de pur sexe, instrumental, intéressé, etc. Pourtant l’apport émotionnel, sensuel, énergétique, affectif, amoureux peut avoir des répercussions plus grandes dans l’histoire de vie de la personne que des années de vie conjugale.”


“Combien de parents ont-ils oublié d’être amoureux pour éviter les turbulences préjudiciables à leur vie de famille ? Ainsi, nombre de couples apaisés, pacifiés, parce que l’état amoureux s’est estompé, deviennent parents. Pourtant, en reconnaissant la séparation de corps, ils pourraient poursuivre la douce relation amicale et parentale et redécouvrir les contrées de l’amour. Il faut pour cela affirmer clairement que la sexualité n’a pas nécessairement lieu d’être entre les conjoints et qu’elle peut exulter ailleurs. […] Ainsi est-il possible de continuer à vivre ensemble, sans se détester, sans avoir besoin de se quitter dans le conflit, la douleur et la rancune. Il est possible d’être amis et parents, mais aussi amants ailleurs.”


“La liberté de séparation est une caractéristique essentielle de la cohabitation, aiguillon contre l’inertie et l’engourdissement du couple. On peut espérer même, plus ou moins secrètement, que l’histoire d’amour que l’on est en train de vivre ne sera pas la dernière. L’envie d’être « encore amoureux », d’avoir des frissons de découvertes fait rêver. Se jurer fidélité éternelle, c’est être un peu mort.”


“C'était une de ces soirées délicieuses à l'âme, un de ces moments qui ne s'oublient jamais, une de ces heures passées dans la paix et le désir, et dont, plus tard, le charme est toujours un sujet de regret, même quand nous nous trouvons plus heureux.”


“A quatre heures du matin, on ne fait rien en général et l’on dort, même si la nuit a été une nuit de trahison. Oui, on dort à cette heure-là, et cela est rassurant puisque le grand désir d’un coeur inquiet est de posséder interminablement l’être qu’il aime ou de pouvoir plonger cet être, quand le temps de l’absence est venu, dans un sommeil sans rêves qui ne puisse prendre fin qu’au jour de la réunion.”


“Celui qui éprouve de l'aversion pour les danseurs et veut les dénigrer se heurtera toujours à un obstacle infranchissable : leur honnêteté ; car en s'exposant constamment au public, le danseur se condamne à être irréprochable ; il n'a pas conclu comme Faust un contrat avec le Diable, il l'a conclu avec l'Ange : il veut faire de sa vie une oeuvre d'art et c'est dans ce travail que l'Ange l'aide ; car, n'oublie pas, la danse est un art ! C'est dans cette obsession de voir en sa propre vie la matière d'une oeuvre d'art que se trouve la vraie essence du danseur ; il ne prêche pas la morale, il la danse ! Il veut émouvoir et éblouir le monde par la beauté de sa vie ! il est amoureux de sa vie comme un sculpteur peut être amoureux de la statue qu'il est en train de modeler." (chapitre 6)”