“- J'ai horreur de m'être livrée au premier venu, dit Mathilde, en pleurant de rage contre elle-même.- Au premier venu! s'écria Julien, et il s'élança sur une vieille épée du moyen âge [...] Il eût été le plus heureux des hommes de pouvoir la tuer.”
“La politique dans une oeuvre littéraire, c'est un coup de pistolet au milieu d'un concert, quelque chose de grossier et auquel pourtant il n'est pas possible de refuser son attention.”
“Jetez sur une étoile un rapide coup d'œil, regardez-la obliquement, en tournant vers elle la partie latérale de la rétine (beaucoup plus sensible à une lumière faible que la partie centrale), et vous verrez l'étoile plus distinctement; vous aurez l'appréciation la plus juste de son éclat, éclat qui s'obscurcit à proportion que vous dirigez votre vue en plein sur elle. Dans le dernier cas, il tombe sur l'œil un plus grand nombre de rayons; mais dans le premier, il y a une réceptibilité plus complète, une susceptibilité beaucoup plus vive. Une profondeur outrée affaiblit la pensée et la rend perplexe; et il est possible de faire disparaître Vénus elle-même du firmament par une attention trop soutenue, trop concentrée, trop directe.”
“Je ne vois que las condamnation a mort qui distingue un homme, pensa Mathilde, c'est la seule chose qui ne s'achete pas.Ah! c'est un bon mot que je viens de me dire! quel dommage qu'il ne soit pas venu de facon a m'en faire honneur. Mathilde avait trop de gout pour amener dans la conversation un bon mot fait d'avance, mais elle avait aussie trop de vanite pour ne pas etre enchantee d'elle-meme.”
“Monfleury est en vente, je perds cinquante mille francs, s'il le faut, mais je suis tout joyeux, je quitte cet enfer d'hypocrisie et de tracasseries. Je vais chercher la solitude et la paix champêtre au seul lieu où elles existent en France, dans un quatrième étage donnant sur les Champs-Élysées.”
“Il a beau être décidé à distinguer, comme il dit, des visages. Il a beau dire : "les noms ! les noms ! damnés, j'écris vos noms !" Il sait que c'est le sien, de visage, que l'on verra le plus, à l'arrivé. Il sait que c'est le sien, de nom, qui sera en haut de la page du journal et, le moment venu, sur la couverture du livre qu'il tirera de tout cela. Il a beau être sincère quand, au fond de sa barge, il se dit : "je suis là pour eux, seulement pour eux, je n'ai qu'un parti, celui des endeuillés", il connaît trop la musique, il a trop l'habitude des ruses diaboliques de l'oubli de soi, pour se faire la moindre illusion sur ce qu'il y a de vicié, et d'absurde, dans le système : quand le chroniqueur montre l'horreur, Paris regarde la plume ; quand il dit : "voyez ces vaincus" c'est lui qui sort vainqueur.(ch. 38 BH juge de BHL)”
“Le regard analytique et le regard intuitif sur la vie ne peuvent s'harmoniser dans un même être que dans la mesure où le premier est subordonné au second. C'est du second, et notamment du sentiment de beauté et de compassion qu'il enferme, que découle le sens de la totalité de même que celui des équilibres et de la limite. Le regard intuitif est la condition de la sagesse sans laquelle le regard analytique peut conduire à des excès suicidaires. L'analyse des phénomènes donne de la puissance sur eux, elle permet de dominer la nature, mais elle n'enferme aucune indication quant aux limites qu'il convient d'assigner à cette puissance.”