“M. Myriel devait subir le sort de tout nouveau venu dans une petite ville où il y a beaucoup de bouches qui parlent et fort peu de têtes qui pensent.”
“Aie dans les veines le doux lait de ta mère, et le généreux esprit de ton père ; sois bon, sois fort, sois honnête, sois juste ! Et reçois, dans le baiser de ta grand-mère, la bénédiction de ton grand-père.”
“Si tout autour de moi, est monotone et décoloré, n'y a-t-il pas en moi une tempête, une lutte, une tragédie?”
“victor hugo, Les Contemplations, MorsJe vis cette faucheuse. Elle était dans son champ. Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crépuscule. Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient ; elle changeait en désert Babylone, Le trône en échafaud et l'échafaud en trône, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux. Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit être. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ? -Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ; Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ; Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.Derrière elle, le front baigné de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.”
“Tu viens d'incendier la Bibliothèque ? - Oui.J'ai mis le feu là.- Mais c'est un crime inouï !Crime commis par toi contre toi-même, infâme !Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !Ce que ta rage impie et folle ose brûler,C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritageLe livre, hostile au maître, est à ton avantage.Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.Une bibliothèque est un acte de foiDes générations ténébreuses encoreQui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,Dans ce qui commença pour ne jamais finir,Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,Dans le divin monceau des Eschyles terribles,Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,Tu jettes, misérable, une torche enflammée !De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !As-tu donc oublié que ton libérateur,C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,Il détruit l'échafaud, la guerre, la famineIl parle, plus d'esclave et plus de paria.Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou CorneilleL'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloîtreÀ mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant,Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !Car la science en l'homme arrive la première.Puis vient la liberté. Toute cette lumière,C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.Le livre en ta pensée entre, il défait en elleLes liens que l'erreur à la vérité mêle,Car toute conscience est un noeud gordien.Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,Le progrès, la raison dissipant tout délire.Et tu détruis cela, toi ! - Je ne sais pas lire.”
“L’homme a sur lui la chair, qui est tout à la fois son fardeau et sa tentation. Il la traîne et lui cède.”
“Les bras d'une mère sont faits de tendresse et un doux sommeil benit l'enfant qui s'y abandonne.”