“quels soucis de gloire, quel intérêt, quelles satisfactions, et elles sont nombreuses, la lutte lui apporte?Sans la guerre il n y aurait pas de débouchés pour les nombreuses qualités viriles développées par la lutte; se battre ainsi demeure une caractéristique du sexe masculin [...] c est, disent certains la contrepartie de l instinct maternel, qu il ne peuvent, eux, partager”
“Après tout…, reprit le docteur, et il hésita encore, regardant Tarrou avec attention, c’est une chose qu’un homme comme vous peut comprendre, n’est-ce pas, mais puisque l’ordre de monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers le ciel où il se tait.”
“Les adultes-enfants m'ennuient, ce sont des cannibales. Ils ne sont propres qu'à se nourrir de la vitalité des autres. Ils ne se perçoivent pas. Et parce qu'ils ne se perçoivent pas, ils ne peuvent pas vivre, et ne sont rien d'autre qu'avides, du regard ou du sang de quelques autres.”
“L'essentiel est de lire beaucoup. N'importe quoi. Ce qu'on a envie de lire. Le tri se fait après. Et même la mauvaise littérature est nourricière. La seule littérature stérilisante, la littérature prétentieuse, philosophisante, cuistre, est sans danger pour les enfants parce qu'ils ne peuvent pas pénétrer dedans. Ils la rejettent, comme ils tournent le bouton de la T.V. au moment des discours politiques. Ce sont des sages.”
“Le créateur, ou l´artiste, ne se contente pas de produire un objet utile, mais il investit cet objet de sa subjectivité, de son ressenti personnel: il va incarner dans son oeuvre son 'idea', c´est-à-dire le projet, la vision qu´il porte en lui et dans laquelle d´autres vont se retrouver, car la création artistique, acte gratuit, sans "utilité" réelle, est une activité symbolique qui s´adresse au plus profond de l´être. D´ailleurs, pour la qualifier, nous utilisons le language du coeur et de l´âme: face à une oeuvre d´art nous nous déclarons "émus", "touchés", "bouleversés". Ce n´est pas l´usage que nous pouvons en faire qui nous interpelle mais sa dimension esthétique et symbolique gratuite.”
“On ne se doute pas de tous les embêtements dont sont poursuivis les domestiques, ni de l’exploitation acharnée, éternelle qui pèse sur eux. Tantôt les maîtres, tantôt les placiers, tantôt les institutions charitables, sans compter les camarades, car il y en a de rudement salauds. Et personne ne s’intéresse à personne. Chacun vit, s’engraisse, s' amuse de la misère d' un plus pauvre que soi. Les scènes changent ; les décors se transforment ; vous traversez des milieux sociaux différents et ennemis ; et les passions restent les mêmes, les mêmes appétits demeurent. Dans l’appartement étriqué du bourgeois, ainsi que dans le fastueux hôtel du banquier, vous retrouvez des saletés pareilles, et vous vous heurtez à de l’inexorable. Enfin de compte, pour une fille comme je suis, le résultat est qu’elle soit vaincue d' avance, où qu' elle aille et quoi qu' elle fasse. Les pauvres sont l’engrais humain où poussent les moissons de vie, les moissons de joie que récoltent les riches, et dont ils mésusent si cruellement, contre nous...”