“Quant à l'endroit où se trouvait mon père, le jour de ses funérailles, ma mère me l'avait indiqué. C'est un peu loin, mais un jour ou l'autre nous irons le rejoindre, il n'y a pas à craindre de s'égarer. Ton papa est gentil, il est seulement parti devant pour voir comment c'était, m'avait-elle dit.”
“C'était un professeur magnifique et je n'ai jamais oublié la moue dédaigneuse de ses lèvres lorsqu'il récusait d'une seule phrase une de nos interprétations. Il me guérit à jamais du comparatisme le jour où, ayant à commenter à voix haute devant lui et mes condisciples un passage de Rabelais, j'évoquai stupidement Bergson, que j'avais à peine lu. Le dédain de sa célèbre moue se fit carrément dégoût: 'Mon petit, Rabelais ne connaissait pas Bergson.”
“La vérité est que chacun d'entre nous sait parfaitement ce que signifie la pitié et quel en est le mode d'emploi : nous l'avons tous implorée un jour ou l'autre. Mais au moment où il nous faut ouvrir la porte de la miséricorde, nous faisons comme si nous en avions perdu la clé, comme si avoir un peu de coeur revenait à humilier son prochain ou à manifester une sensiblerie démodée. (p.283)”
“Le téléviseur est réel. Il est présent. Il a ses dimensions. Il vous dit ce qu'il faut penser, vous le hurle à la figure. Il doit avoir raison. Il semble avoir raison. Il vous pousse à un tel rythme vers ses conclusions que votre esprit n'a pas le temps de s'écrier: "C'est idiot".”
“Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa forceNi sa faiblesse ni son coeur Et quand il croitOuvrir ses bras son ombre est celle d'une croixEt quand il croit serrer son bonheur il le broieSa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureuxSa vie Elle ressemble à ces soldats sans armesQu'on avait habillés pour un autre destinA quoi peut leur servir de se lever matinEux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertainsDites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureuxMon bel amour mon cher amour ma déchirureJe te porte dans moi comme un oiseau blesséEt ceux-là sans savoir nous regardent passerRépétant après moi les mots que j'ai tressésEt qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent Il n'y a pas d'amour heureuxLe temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tardQue pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unissonCe qu'il faut de malheur pour la moindre chansonCe qu'il faut de regrets pour payer un frissonCe qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureuxIl n'y a pas d'amour qui ne soit à douleurIl n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtriIl n'y a pas d'amour dont on ne soit flétriEt pas plus que de toi l'amour de la patrieIl n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux”
“Si les gens sont si méchants, c'est peut-être seulement parce qu'ils souffrent, mais le temps est long qui sépare le moment où ils ont cessé de souffrir de celui où ils deviennent un peu meilleurs.”