“Nos étreintes semblaient les derniers spasmes de bêtes primaires (…) ; des salamandres au ventre mou se débattant tandis que, torréfiée, la vase native se prend autour de leurs articulations, et qui halètent peau à peau exsudant leurs humeurs et consumant somptuairement leur dernière énergie.”

Jacques Abeille

Jacques Abeille - “Nos étreintes semblaient les derniers...” 1

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“Nous savions que les filles étaient nos jumelles, que nous existions tous dans l'espace comme des animaux qui avaient la même peau, et qu'elles savaient tout de nous alors que nous étions incapables de percer leur mystère. Nous savions, enfin, que les filles étaient en réalité des femmes déguisées, qu'elles comprenaient l'amour et même la mort, et que notre boulot se bornait à créer le bruit qui semblait tant les fasciner.”

Jeffrey Eugenides
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“Certains jours, travaillant aux Mystères de messieurs, j'avais envie d'alléger la planète des neuf dixièmes de ses phallophores - qui, par leur insécurité permanente, leur incertitude d'être (Pour qui tu te prends ? phrase masculine par excellence), leur passion pour les armes, leur rivalité, leur goût du pouvoir, leurs bagarres et magouilles de toutes sortes, conduisent notre espèce droit à l'extinction, d'autres jours au contraire j'avais envie de les remercier à genoux car ils ont inventé la roue et le canoë, l'alphabet et l'appareil photo, élaboré les sciences composé les musiques écrit les livres peint les tableaux bâti les palais les églises les mosquées les ponts les barrages et les routes, travaillé sans compter, durement et modestement, déployant leur force, leur patience, leur énergie et leur savoir-faire dans les champs de mine usines ateliers bibliothèques universités et laboratoires du monde entier. Oh ! hommes merveilleux, anonymes et innombrables, souffrant et vous dévouant, jour après jour, siècle après siècle pour nous faire vivre un peu mieux, avec un peu plus de confort et de beauté et de sens... que je vous aime !”

Nancy Huston
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“Je pense à elles comme à des oiseaux de cristal éclos dans un ciel obscurci par les fétides exhalaisons de nos corps. Je pense à elles comme à des comètes qui sillonnent la nuit de nos hontes et projettent une lumière incandescente sur nos remords. Je leur élèverai un monument de papier qui signalera à la postérité l'existence de ces trois déesses. Je serai leur scribe, leur porte-étendard, le serviteur de leur parole, le traducteur de leurs silences.”

Linda Lê
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“Á l’endroit où les fleuves se jettent dans la mer, il se forme une barre difficile á franchir, et de grands remous écumeux où dansent les épaves. Entre la nuit du dehors et la lumière de la lampe, les souvenirs refluaient de l’obscurité, se heurtaient a la clarté et, tantôt immergés, tantôt apparents, montraient leurs ventres blancs et leurs dos argentés.”

Boris Vian
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“Deux matelots s'étaient noyés, leurs corps n'avaient jamais été retrouvés et ils étaient allés rejoindre la foule des marins qui errent au fond de la mer, se plaignant entre eux de la lenteur du temps, attendant l'appel suprême que quelqu'un leur avait promis en des temps immémoriaux, attendant que Dieu les hisse vers la surface et les attrape dans son épuisette d'étoiles, qu'il les sèche de son souffle tiède et les laisse entrer à pied sec au royaume des cieux, là, il n'y a jamais de poisson aux repas, disent les noyés qui, toujours aussi optimistes, s'occupent en regardant la quille des bateaux, s'étonnent du nouveau matériel de pêche, maudissent les saloperies que l'homme laisse dans son sillage, mais parfois aussi, pleurent à cause de la vie qui leur manque, pleurent comme pleurent les noyés et voilà pourquoi la mer est salée. (p.199)”

Jón Kalman Stefánsson
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