“Je lis de mieux en mieux et de plus en plus vite, je lis comme si ma vie en dépendait, lire est mon seul et unique talent, si on me disait, que je n’ai plus le droit de lire j’aurais une crise d’apoplexie et j’en mourrais." (Lignes de faille)”

Nancy Huston

Nancy Huston - “Je lis de mieux en mieux et de plus en...” 1

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“Je suis en danger de mort? Peut-être, mais je suis en danger de vie si je ne la revois pas, et, à mon âge, je trouve ça encore plus grave.”

Mathias Malzieu
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“Sonnet VIIIJe vis, je meurs : je me brûle et me noie,J’ai chaud extrême en endurant froidure ;La vie m’est et trop molle et trop dure,J’ai grands ennuis entremêlés de joie.Tout en un coup je ris et je larmoie,Et en plaisir maint grief tourment j’endure,Mon bien s’en va, et à jamais il dure,Tout en un coup je sèche et je verdoie.Ainsi Amour inconstamment me mèneEt, quand je pense avoir plus de douleur,Sans y penser je me trouve hors de peine.Puis, quand je crois ma joie être certaine,Et être en haut de mon désiré heur,Il me remet en mon premier malheur.”

Louise Labé
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“J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...”

Sartre Jean-Paul
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“Parce qu'il faut bien le dire, le sexe dans ses bras est un immense et luxuriant espace de jeu où rien, mais absolument rien, n'est interdit. J'ai l'impression de gambader toute nue au milieu d'herbes hautes infiniment plus douces que le plus doux des gazons, sous un ciel parfait, et Monsieur me pousse pour que j'atteigne des sommets inédits sur une balançoire née des pinceaux de Fragonard – et bien sûr je ne vais pas dire que je suis tout à fait tranquille en voyant le sol s'éloigner de plus en plus, mais l'ivresse est si grisante, mon Dieu, l'abandon si poignant que je ferme les yeux avec une envie insoutenable de pleurer de plaisir, mise au supplice par ce besoin que j'ai d'exprimer à quel point ce que je ressens est merveilleux, incapable de trouver ne serait-ce que des lettres pour illustrer ce sentiment; puis lorsque je suis à moitié folle d'excitation Monsieur m'entraîne à me plonger dans des marais sombres exhalant de suaves et scandaleuses vapeurs de soufre, dont l'eau est d'une chaleur obscène, et dans lesquels je me perds, orteil après orteil. Autour de nous le paysage est devenu plus inquiétant, je sais que je suis sur un territoire que Monsieur connaît par cœur, et qu'il va lui falloir me porter dans ces petits chemins de traverse que je ne soupçonnais qu'à peine. Lentement, inéluctablement je glisse dans les ornières les moins débroussaillées, et certes ma petite balançoire fleurie est loin, mais qu'il fait chaud et moite sous les ramures de ces arbres morts, plus près de l'enfer que je l'ai jamais été !...”

Emma Becker
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“Je me mis dès lors à lire avec avidité et bientôt la lecture fut ma passion. Tous mes nouveaux besoins, toutes mes aspirations récentes, tous les élans encore vagues de mon adolescence qui s’élevaient dans mon âme d’une façon si troublante et qui étaient provoqués par mon développement si précoce, tout cela, soudainement, se précipita dans une direction, parut se satisfaire complètement de ce nouvel aliment et trouver là son cours régulier. Bientôt mon cœur et ma tête se trouvèrent si charmés, bientôt ma fantaisie se développa si largement, que j’avais l’air d’oublier tout ce qui m’avait entourée jusqu’alors. Il semblait que le sort lui même m’arrêtât sur le seuil de la nouvelle vie dans laquelle je me jetais, à laquelle je pensais jour et nuit, et, avant de m’abandonner sur la route immense, me faisait gravir une hauteur d’où je pouvais contempler l’avenir dans un merveilleux panorama, sous une perspective brillante, ensorcelante. Je me voyais destinée à vivre tout cet avenir en l’apprenant d’abord par les livres ; de vivre dans les rêves, les espoirs, la douce émotion de mon esprit juvénile. Je commençai mes lectures sans aucun choix, par le premier livre qui me tomba sous la main. Mais, le destin veillait sur moi. Ce que j’avais appris et vécu jusqu’à ce jour était si noble, si austère, qu’une page impure ou mauvaise n’eût pu désormais me séduire. Mon instinct d’enfant, ma précocité, tout mon passé veillaient sur moi ; et maintenant ma conscience m’éclairait toute ma vie passée.En effet, presque chacune des pages que je lisais m’était déjà connue, semblait déjà vécue, comme si toutes ces passions, toute cette vie qui se dressaient devant moi sous des formes inattendues, en des tableaux merveilleux, je les avais déjà éprouvées.Et comment pouvais-je ne pas être entraînée jusqu’à l’oubli du présent, jusqu’à l’oubli de la réalité, quand, devant moi dans chaque livre que je lisais, se dressaient les lois d’une même destinée, le même esprit d’aventure qui règnent sur la vie de l’homme, mais qui découlent de la loi fondamentale de la vie humaine et sont la condition de son salut et de son bonheur ! C’est cette loi que je soupçonnais, que je tâchais de deviner par toutes mes forces, par tous mes instincts, puis presque par un sentiment de sauvegarde. On avait l’air de me prévenir, comme s’il y avait en mon âme quelque chose de prophétique, et chaque jour l’espoir grandissait, tandis qu’en même temps croissait de plus en plus mon désir de me jeter dans cet avenir, dans cette vie. Mais, comme je l’ai déjà dit, ma fantaisie l’emportait sur mon impatience, et, en vérité, je n’étais très hardie qu’en rêve ; dans la réalité, je demeurais instinctivement timide devant l’avenir.”

Fyodor Dostoevsky
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