“O bonheur de l'imaginaire, du possible, du concevable ! Premier des droits humains : le fantasme ! N'être pas là où l'on est ; être là où l'on n'est pas. Oui, ça fonctionne dans les deux sens : pendant que son mari la ramone avec monotonie, l'épouse peut penser aux courses qu'il lui reste à faire ; en essuyant la vaisselle, par contre, libre à elle de partir au septième ciel avec l'amant de ses rêves.”

Nancy Huston

Explore This Quote Further

Quote by Nancy Huston: “O bonheur de l'imaginaire, du possible, du conce… - Image 1

Similar quotes

“Elle n'en revient pas, que l'on puisse avoir de tels échanges laconiques - "Ça va ? - Ça va !" - avec des êtres qu'on a mis au monde et vus grandir vingt ans durant, à qui on a appris à parler, à qui on a lu mille histoires à l'heure du coucher, pour qui on a fait des repas sans nombre, qu'on a aidés à faire leurs devoirs et soignés pendant leurs maladies, dont on a écouté les problèmes et logé les copains. C'est incroyable de s'entendre échanger des "Ça va ? Ça va !" avec ces êtres-là.”


“Certains jours, travaillant aux Mystères de messieurs, j'avais envie d'alléger la planète des neuf dixièmes de ses phallophores - qui, par leur insécurité permanente, leur incertitude d'être (Pour qui tu te prends ? phrase masculine par excellence), leur passion pour les armes, leur rivalité, leur goût du pouvoir, leurs bagarres et magouilles de toutes sortes, conduisent notre espèce droit à l'extinction, d'autres jours au contraire j'avais envie de les remercier à genoux car ils ont inventé la roue et le canoë, l'alphabet et l'appareil photo, élaboré les sciences composé les musiques écrit les livres peint les tableaux bâti les palais les églises les mosquées les ponts les barrages et les routes, travaillé sans compter, durement et modestement, déployant leur force, leur patience, leur énergie et leur savoir-faire dans les champs de mine usines ateliers bibliothèques universités et laboratoires du monde entier. Oh ! hommes merveilleux, anonymes et innombrables, souffrant et vous dévouant, jour après jour, siècle après siècle pour nous faire vivre un peu mieux, avec un peu plus de confort et de beauté et de sens... que je vous aime !”


“On a inventé tant de choses, se dit-elle en composant lentement le numéro d'Aziz. Il ne devrait pas être possible de prendre un bout de carton plastifié, orné de lettres et de chiffres en bas-relief, de tapoter, sur des touches métalliques, un numéro de quinze chiffres rangé dans notre mémoire parmi des dizaines d'autres - des identifiants tous azimuts, téléphone, compte en banque, sécurité sociale, plaque d'immatriculation, codes postaux, codes bancaires, codes porte -, d'appuyer contre son oreille une sorte de berceuse noire en bakélite, et d'entendre, encodée puis décodée par deux mille kilomètres de fils de cuivre, la voix de la personne qu'on aime.”


“Images juxtaposées des comportements virils à travers le monde : défilés militaires devant le Kremlin à Moscou, réunions de la Camorra à Naples, discours de réception à l'Académie française avec épées et uniformes verts, congrégation de motards en Californie, rites d'initiation des Indiens bororos du Brésil, proxénètes de Tel-Aviv, traders de Tokyo, supporters de foot de Manchester, sénateurs, francs-maçons, prisonniers - oh, les postures ! les attitudes ! les mécaniques ! oh, les mecs ! Aussi angoissés qu'arrogants, leur arrogance n'étant que l'envers de leur angoisse, car ils sont tellement plus mortels que nous ! Oh, l'attendrissant besoin de ces primates supérieurs sans utérus de se durcir et de se décorer, de parader et de pétarader pour se donner de l'allure, du poids et du sérieux !”


“Il y a des personnes à qui on n'ose donner d'autres marques de la passion qu'on a pour elles que par les choses qui ne les regardent point ; et, n'osant leur faire paraître qu'on les aime, on voudrait du moins qu'elles vissent que l'on ne veut être aimé de personne. L'on voudrait qu'elles sussent qu'il n'y a point de beauté, dans quelques rang qu'elle pût être, que l'on ne regardât avec indifférence, et qu'il n'y a point de couronne que l'on voulût acheter au prix de ne les voir jamais. Les femmes jugent d'ordinaire de la passion qu'on a pour elles, continua-t-il, par le soin qu'on prend de leur plaire et de les chercher ; mais ce n'est pas une chose difficile pour peu qu'elles soient aimables ; ce qui est difficile, c'est de ne s'abandonner pas au plaisir de les suivre ; c'est de les éviter, par peur de laisser paraître au public, et quasi à elles-mêmes, les sentiments que l'on a pour elles.”


“Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand'chose; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse celle des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son sembable.Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C'est là toute la supériorité que j'attribuerais à l'être humain sur la bête. Il n'en est rien.”